Hitcher par Stéphane Bouley
Le film original était porté par l'interprétation magistral du génial Rutger Hauer et habité par un esprit malsain parfaitement dérangeant. Un film fort qui a plutôt bien vieilli mais qui n'échappe malheureusement pas à la mise-à-jour opportuniste.
Première chose à retenir, Sean Bean est très bon, comme à son habitude. IL essaye de donner un peu de substance à un personnage pourtant dramatiquement basique dans cette nouvelle version du script.
Le film va à 100 à l'heure, tout s'enchaine très vite... malheureusement, car le film enchaine les séquences d'action ou d'horreur sans jamais prendre le temps de développer ses personnages ni la relation que pourrait avoir John Ryder avec eux...
Ce dernier n'est juste qu'un vilain vulgaire et brutal sans aucune profondeur qui persécute des jeunes comme d'autre font du bricolage. Il apparaissait, dans le film original, comme un vrai tordu jovial (Il faut Voir Rutger Hauer sourire sans arrêt ) et constamment effrayant, torturant le héros aussi bien physiquement que psychologiquement telle une figure paternelle castratrice. Toute la symbolique du film de 1986 passe dans la cuvette des chiottes, l'incapable aux commande de cette purge n'a rien compris: le film s'ouvre sur un bandeau débile de statistique de morts sur la route qui n'a rien à faire là mais qui est censé nous faire peur, il met deux héros au lieu d'un, il gomme les ambiguïté et il permute le héros en héroïne super bien roulée, il faut le reconnaitre. Donc la nature du film change du tout au tout (le fait que le héros était masculin était crucial et il était sans arrêt isolé) par rapport à l'original, mais le vrai problème c'est qu'à la place on a rien, sauf du bruit.
Nivellement par le bas total avec sa bande-son "chébran" à côté de la plaque, son héroïne-dinde en micro jupe, ses personnages transparents (Le policier qui se range de leur côté avec cette magnifique phrase en bouche: "21 ans, ce sont des étudiants, ils n'ont rien à voir avec ces crimes" ... Au moins les enquêtes avec lui c'est vite réglé), ses dialogue nuls, et sa vacuité qui file le tournis...
Film formaté pour le publique de MTV qui aime rigoler quand quelqu'un meurt, qui a rayer la subtilité de son vocabulaire (vocabulaire... mot qu'ils ne connaissent sûrement pas) et qui n'apprécie surtout pas de réfléchir lors d'une séance de cinéma...
Ce remake ne comprends quasiment aucune scène de tensions psychologique, là on se concentre sur l'action et le gore parce qu'on a rien d'autre à dire. Et quand il y en a une (reprise de la scène du camion près du motel) elle se vide totalement de son sens à cause du traitement crétin.
En plus de cela le film se permet de véhiculer des propos bien insidieux. Ainsi le mec va balancer à sa nana "je suis désolé, c'est de ma faute si on a ces ennuis" et elle qui acquiesce en lui pardonnant... Genre il faut se méfier des inconnus et qu'au fond on à qu'a les laisser dans la merde.
Ce genre de discours n'est sans doute pas vraiment conscient (manquerait plus qu'ils cherchent à avoir un propos), la scène était surement là pour les montrer fort dans l'adversité et renforcer notre empathie, mais il est pourtant bien présent. Preuve une nouvelle fois que le "metteur en scène" ne comprends rien et ne maîtrise pas du tout son sujet trouvant les carambolages impressionnants (et ils le sont) et la petite culotte de son actrice beaucoup plus intéressante que le contenu de son film.
En voyant le Hitcher original Michael Bay n'y a vu qu'un bête film d'horreur à succès dans lequel on pouvait mettre encore plus d'explosions et c'est ce qu'il a fait. Il ne manquait plus qu'à confier le projet à un réalisateur sans personnalité, comme Dave Meyers, pour que ce Hitcher 2007 ait un bon goût d'étron.
La présence d'extrait des oiseaux dans le film nous rappelle douloureusement et subitement que le mongolito de Michael Bay ne s'arrêtera sûrement pas là dans son travail de sappe, puisqu'il a en projet, depuis un certain temps maintenant, un remake du film d'Alfred Hitchcock. Où comment redonner un sens tout à fait limpide au mot "hérésie".