Sorti six ans après Enigma, autre long métrage de Jeannot Szwarc à mettre en scène la Guerre Froide, Honor Bound est un téléfilm directement sorti en vidéo qui investit un sujet historique par le prisme – et c’est là son intérêt majeur – de la course motorisée. Nul hasard, par conséquent, si la tête d’affiche est composée par le jeune acteur John Philbin (Point Break) et surtout Tom Skerritt, vedette du succès Top Gun mis en scène deux ans plus tôt par Tony Scott.
Or, nous retrouvons ici un même goût pour la vitesse et les cascades impressionnantes avec moult ralentis, dérapages et destructions ; en ce sens, Honor Bound semble annoncer le futur Jour de Tonnerre et ses automobiles lancées à vive allure sur les circuits. En Trabant ou à moto, les bolides rugissent, foncent et se percutent, faisant ainsi de la Guerre Froide une course de vitesse métaphore de la course à l’armement dans laquelle s’affrontent deux superpuissances et deux idéologies. Le téléfilm relègue au second plan la vie quotidienne pendant cette période – qu’il représentait fort bien dans Enigma – pour se concentrer sur l’action : les courses-poursuites impressionnent, les traques dans les forêts automnales intriguent et embarquent le spectateur dans une aventure menée sans temps morts, mais balourde lorsqu’elle se sent obligée de ralentir et expliciter le contexte (la découverte du Mur de Berlin par Max Young est désarmante de naïveté). La musique électronique signée Mark Shreeve accompagne l’ensemble en lui conférant une couleur très années 80, une vitalité rétro efficace dès le générique d’ouverture.
Szwarc adopte une approche originale qui dépoussière un sujet historique des plus rebattus et réussit, par un montage nerveux et une réalisation soignée, à rendre crédible cette série d’affrontements. Raisons suffisantes pour visionner Honor Bound.