Le Dernier Cri est une maison d'édition marseillaise ; elle a publiés de nombreux auteurs et artistes, souvent underground, en général dans le domaine de la bande-dessinée. C'est à ce Dernier Cri qu'on doit Hôpital Brut, moyen-métrage de 46 minutes d'animation, moment de cinéma intensément criard et hors-norme.
Hôpital Brut se fabrique par des effusions de chaque instant, un tourbillon hystérique ne laissant aucun répit, ne laissant pas non plus tellement cerner ce qui se joue, voir ce qui est actuellement représenté. Nous sommes à l'hôpital et l'encadrement est catégorique. Rapidement, on aspire plus du tout à ''comprendre''. On se contente d'absorber, en tâchant d'accepter ou pas, d'assimiler ou pas ; de traduire ou pas, selon le degré de besoin de cohérence ou de tolérance à l'abandon.
La plupart des gens louent naturellement le créateur désinhibé. Mais en vérité, la créativité pure (automatique et absolue) est une épreuve pour celui qui la contemple ; elle le renvoie à la cacophonie béante dont l'artiste a assisté l'hégémonie. Hôpital Brut, c'est la créativité débridée. Littéralement, concrètement : ce n'est pas une promesse vaine, un qualificatif oiseux : c'est bien ça. Et la créativité débridée, c'est fascinant, réjouissant, hors-norme, hallucinant mais aussi frustrant, agaçant, redondant.
Avec talent mais en flirtant avec le non-sens, les auteurs se lâchent totalement, comme le feraient des hommes restés trop longtemps sous pression. C'est la logorrhée de l'esprit, qui confond les sons, les images, les scènes, les lieux, les paroles. N'importe comment, avec un fond tout de même, des obsessions ; mais le sol commun n'est plus visible. Une rancœur à l'égard de la normativité psychique délirante de la psychanalyse semble concourir à ce résultat.
https://zogarok.wordpress.com/2013/11/08/hopital-brut/