Le dernier Assayas s'est fait défoncer à sa sortie, pourtant c'est un film loin d'être inintéressant. Il raconte les mois de confinement passés par le cinéaste avec son frère Michka et leurs deux compagnes, dans la maison familiale à la campagne. On lui a reproché son côté bourgeois, alors qu'il s'agit juste de la maison de leurs parents, chacun a ou a eu des parents, non ? Pas de quoi fouetter un chat. Le film se divise en deux types de scènes, très tranchées. D'un côté les discussions des 4 ou des 2, qui parlent de grands sujets ou de 3 fois rien, et parfois ces scènes peuvent être gênantes. Le cinéaste a changé les noms de ses protagonistes, mais l'évidente autobiographie (c'est qui plus est tourné dans la vraie maison de famille) nous fait rentrer dans une intimité où l'on n'a parfois pas grand chose à faire. L'autre partie, récurrente, venant entrecouper chacun des chapitres et rythmer le film, est fait d'images sans personnages, de plans souvent fixes sur la maison, dans chacune des pièces, dans le jardin, dans les alentours, accompagnés d'une voix-off qui n'est plus celle de l'acteur jouant le rôle du cinéaste (Macaigne, toujours excellent), mais celle d'Olivier Assayas qui raconte son enfance à la première personne en s'attachant à des détails des lieux qu'il nous montre. Ces moments-là sont d'une grâce et d'une beauté rare, pas si loin d'un cinéma post-Nouvelle Vague proche d'Eustache dans l'esprit, qui personnellement m'ont beaucoup ému.