Il y a des films documentaires qui se prêtent parfois plus à une forme subjective assumée qu’à d’autres qui se voudraient faussement objective. La technique d’Ophüls, si elle suit une chronologie linéaire en dehors de sa conclusion, mais pas historique, précisément parce qu’il semble s’attacher à décrire (ou insister sur) des faits parfois discutables : l’histoire connaît les conséquences de certains faits, mais selon les témoignages que l’on choisit, selon la raison des uns et des autres ou selon la manière dont ces conséquences seront portées à notre connaissance, alors notre perception de certains de ces faits au milieu de la grande histoire peuvent se présenter sous des visages contradictoires, et c’est ces différentes approches interrogeant notre capacité à voir se dessiner l’histoire sans en nier ses parts d’inconnus, de flous, que met en lumière Ophüls, et qui sont fascinantes à voir ainsi mises en scène.
Car Ophüls met en scène et il ne s’en cache pas. Il met en scène comme d’autres chassent. Lui chasse la vérité, le passé, et on le regarde mettre en scène cette difficulté qu’on a tous à faire la part des choses entre ces deux animaux mystiques qui se confondent toujours à nos yeux aveugles : la vérité et le mensonge. À sa manière, on peut dire qu’ Ophüls a un petit côté troll ou acteur de son propre film comme le sera plus tard Michael Moore, avec toutes les limites du procédé que cela comporte.
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