Je dois bien l'avouer en matière de cinéma je suis d'une curiosité maladive et obsessionnelle, une curiosité qui me pousse assez systématiquement vers tout ce que le cinéma compte de films tordus, oubliés et perdus bien loin des encyclopédies officielles de l'histoire du 7e art. Proposez-moi un vieux film fantastique français des années 70 oublié par tout le monde, une série Z mexicaine avec un catcheur contre des singes mutants, un gros bis au titre improbable, un Dracula en langage des signes et ils me feront immédiatement bien plus envie que le prochain Marvel ou la suite Top Gun. Le problème de cette curiosité c'est que l'on ne tombe pas toujours sur des films injustement oubliés mais parfois aussi sur des œuvres dont on comprend assez vite pourquoi plus personne, hormis peut-être le réalisateur, ne se souvient. J'ai en plus un autre défaut qui est que généralement par une forme d'honnêteté critique et intellectuelle je vais toujours jusqu'au bout des œuvres que je commence. Bien sûr je n'irai pas jusqu'à me taper l'intégrale de Plus belle la vie si je me retrouvais par hasard devant un épisode, ni à écouter tout un album de Patrick Fiori parce que j'ai entendu une chanson, mais en matière de cinéma au moins lorsque que je commence un film je vais avec abnégation jusqu'au bout. C'est donc le cas pour Hu-Man un film français de 1976 réalisé par Jerome Laperrousaz qui nous raconte une bien étrange histoire voyage temporel et devant lequel j'ai eu personnellement le plus grand mal à ne pas partir voyager au pays des songes. Visiblement le film n'est pas trop mal noté sur sens critique, ce qui reste une énigme car pour moi il est une imbuvable purge prétentieuse, expérimentale et insupportable.
Le film nous raconte donc comment des scientifiques très sérieux veulent programmer le premier voyage temporel en utilisant comme cobaye l'acteur Terrence Stamp qui joue ici son propre rôle. Pour voyager dans le temps on nous parle donc d'une bulle gonflée à l'énergie des émotions et des peurs servant de carburant pour un voyage dans le futur. Afin de faire gonfler cette grosse bubulle, le comédien se retrouve lors d'une retransmission télévisuelle en direct confronté à la montée des eaux sur la baie du Mont Saint Michel, sa peur et la possibilité de sa mort par noyade devra donc exacerber les émotions des téléspectateurs afin d'emmagasiner l'énergie nécessaire pour l'envoyer ensuite dans le futur...
Personnellement j'ai déjà vu des histoires de voyages temporels avec des concepts scientifiques fumeux et pété du casque mais là je dois dire que l'on tient peut être le summum du n'importe quoi. Nos scientifiques gonflent donc un énorme ballon de baudruche transparent pour ensuite y mettre l'acteur qui comme par magie se retrouvera dans le futur. En tout cas si cette bulle avait pu être gonflée par mes soupirs et mon exaspération de spectateur, nul doute qu'on aurait pu faire voyager la planète entière pour quatre ou cinq siècles dans le futur. Après une bonne demi-heure à nous présenter ce concept un peu stupide, le film va faire se succéder à l'écran une suite de séquences contemplatives, expérimentales, vaguement new age, et surtout bien trop longues et creuses. On verra donc longuement Terrence Stamp sur la baie du Mont-Saint-Michel envahit par les eaux ,en train de faire de la moto de nuit pendant des plombes, en train de marcher et marcher encore sur un glacier, en train de gesticuler façon théâtre expérimental dans une immense bulle qui ressemble à un préservatif géant, puis en train de marcher à nouveau mais sur une terre aride avec en plus si vous vous emmerdez d'interminables séquences de volcans en fusion façon National Géographic. Bien sûr, sinon le plaisir ne serait pas totale, le tout est agrémenté d'une voix off aux préoccupations métaphasiques brumeuses et d'une musique expérimentale assez gonflante faites de bruitages électroniques et de sons bizarres dont je ne veux même pas savoir d'où ils sortent. Plein de petites choses qui donnent à l'ensemble le côté prétentieux et insupportable d'une très longues et pénible masturbation intellectuelle. Et même si le film comporte quelques jolis plans à la fois bizarres et surréalistes c'est surtout pour moi un sentiment de foutage de gueule qui prédomine à la vision de ce film franchement exaspérant à force de vouloir péter plus haut que son QI.
Au Moins Hu-Man vous fera voyager dans le temps, à la fin du film vous aurez l'impression d'avoir vieilli d'au moins trois jours.