Propagande mensongère

Adaptation du troisième tome de la célèbre saga SF pour young adults, Hunger Games, qui a l'idée lucrative de scinder ce tome en deux parties. Idée certes lucrative mais loin d'être faite de manière qualitative car ce troisième film continue sur la lancée du second et continue tout doucement à enterrer la saga d'épisode en épisode. Le premier épisode quoi qu’imparfait avait des qualités indéniables qui le rendait immédiatement sympathique et qui faisait de lui le meilleur film destiné à un public adolescent tandis que sa suite, même si meilleur sur la forme, n'évitait pas la redite au point de n'être qu'un simple remake du premier, les digressions et le ridicule sur le fond en plus, rendant l'ensemble bancal et moins séduisant. Ce troisième opus souffre donc de la direction prise par le deuxième film et souffre d'un manque d'imagination flagrant ainsi qu'il est plombé par son découpage en deux parties qui font de lui un produit commercial plus qu'un produit artistique.
Tout d'abord le scénario n'est clairement pas captivant et comme pour le deuxième film, on peut résumer ce qu'il s'y passe en moins de 30 min, ce qui en fait aussi un opus de transition qui ne justifie pas son format de 2h car l'ensemble ne se résume qu'à de la digression, de la redite et du vide. Avoir découpé le film en deux parties montre donc clairement l'handicap de l'ensemble, ce qui se passe ici aurait pu être considérablement réduit tellement certains passages sont inutiles et adapter le tome en un seul film aurait permit à l'ensemble d'être satisfaisant et efficace. Car ici il ne se passe absolument rien, comme il ne se passait rien dans le deuxième film non plus, on nous promet des choses qui n'arriveront jamais comme la fameuse révolte qui se trouve en toile de fond et qui n'est absolument pas développé. De plus le film n'en profite même pas pour développer ses personnages, Katniss n'a pas évoluée depuis le deuxième film et elle devient même ici agaçante, jonglant constamment entre son aspect héroïne révolutionnaire et petite fille capricieuse qui n'en fait qu'à ça tête. Je ne suis clairement pas fan du portrait de femme que fait ce genre de film, en faire une femme qui sait manier l'arc n'en fait pas nécessairement une femme forte. Car ici elle peine à être l’héroïne tragique qu'elle devrait être car même si elle n'est qu'un objet qu'on manipule, parfois elle semble déterminée et investi dans la révolution tandis que d'autres fois elle n'est qu'une pleurnicheuse qui ne pense qu'à sa petite personne, ce qui a tendance à la rendre agaçante. Les enjeux de la révolte deviennent moins important que ses propres enjeux qui se résume à une romance mièvre et inintéressante qui enlève toute proportion épique au récit. Donc le personnage stagne, elle pleure, elle se plaint et devient inintéressante et les seconds rôles deviennent donc plus intéressant et captivant à suivre permettant d'entretenir un aspect politique certes survolé mais prenant et maîtrisé. Pour dire même Gale, l'éternel best friend devient un personnage plus ambivalent et plus appréciable que l’héroïne elle-même. Mais malheureusement le film ne s'intéresse pas non plus à ses seconds rôles notamment le personnage très intéressant mais sous exploiter de Julianne Moore et préfère se concentrer sur des sous intrigues qui se multiplient mais qui reste toutes autant inutiles et seules les 20 dernières minutes trouveront des enjeux un peu plus intéressant avant de tomber dans un cliffhanger tout aussi raté que celui du deuxième film. De plus on rajoute au sous développement des personnages, des dialogues pompeux et pas convaincants ainsi qu'une accumulation de clichés plus risibles les uns que les autres comme le coup du "je fais un cauchemar donc je gigote et je me réveille en hurlant à la mort" qui nous avait déjà été servi dans le deuxième film et certains clichés poussent même le film à n'être qu'une parodie de lui-même. Néanmoins tout n'est pas à jeter dans le scénario, j'ai parler de l'aspect politique plutôt bien géré mais il y aussi les questionnements sur l'image et la propagande qui sont loin d'être inintéressants mais même si c'est plus poussé dans ce troisième film, cela reste un aspect déjà étudier dans les deux autres donc on retombe un peu dans la redite. Mais ce genre d'intention reste louable et permet à l'ensemble d'être, non pas plus intelligent, mais plus réfléchi que la moyenne des productions young adults.
Pour ce qui est du casting même si l'implication totale de Jennifer Lawrence apporte de la sincérité à l'ensemble, son personnage étant peu développé, elle ne peut faire évoluer son rôle ce qui fait que ici même si elle reste convaincante elle se fait écraser par le reste du cast. Mis à part Josh Hutcherson qui est d'une fadeur sans nom et Liam Hemsworth qui, même si il est plus convaincant que d'habitude, reste inexpressif. Il n'a clairement pas le talent de son frère. Néanmoins les pointures sont là pour faire le job et tenter de nous divertir comme le regretter Philip Seymour Hoffman qui reste excellent comme à son habitude, Woody Harrelson qui est toujours aussi drôle et charismatique, Donald Sutherland qui s'en donne encore à cœur joie, Julianne Moore très convaincante dans un des rôles les plus intéressant du film ainsi que les jouissifs Elizabeth Banks et Stanley Tucci, qui viennent compléter le tableau même si ils sont plus en retrait dans cet opus.
Pour ce qui est de la réalisation, elle est encore une fois très propre, dans le lignée du deuxième film, avec une photographie léchée, une BO discrète mais qui accompagne à merveille l'ensemble ainsi que d'un montage cohérent et maîtrisé. Tandis que le mise en scène de Francis Lawrence, qui reprend du service après le deuxième opus, est efficace. Les plans sont travaillés, certains plans séquences ont même vraiment de la gueule, l'ensemble est très esthétique et très bien fait, comme pour l'épisode précédent, il n'y a rien à dire sur la forme qui fait son job, certes sans inventivité, mais avec efficacité. On peut néanmoins pointer du doigt le manque de rythme flagrant dû au manque d'enjeux du scénario qui fait que l'ensemble se révèle mou et tire en longueurs créant parfois l'ennuie chez le spectateur.
En conclusion Hunger Games : La Révolte - Partie 1 est l'opus de trop, celui qui n'aurait pas dû être scindé en deux ce qui aurait permis de le rendre plus efficace voire même en faire un bon film. Car ici l'ennui guette, l’héroïne devient agaçante et le spectateur se détache d'elle tandis que rien ne se passe, on côtoie le vide pendant presque deux heures de projection, le tout étant couplé à une écriture risible dont les rares fulgurances ne permettent pas de sauver l'ensemble. Néanmoins on ne tombe pas dans le mauvais même si la saga s'approche dangereusement de la limite elle reste sauver de cela par un casting exemplaire et une réalisation solide qui font de l'ensemble un résultat pas terrible mais pas catastrophique pour autant. Voilà donc un film pas terrible qui nous rappelle qu'il serait temps d'en finir avec tout ça, en espérant qu'une fois que ce sera fait on arrêtera d'adapter de la littérature young adults qui ont tendance à faire des films de piètres qualités.