Hunted commence comme une satire de la spéculation immobilière, introduisant un décalage entre l’argumentaire récité de l’agente et la lucidité blasée du client, conscient que la valeur du bien n’est pas celle affichée : l’ironie mordante avec laquelle il déconstruit le discours de son interlocutrice réjouit, en particulier l’idée de l’emplacement privilégié dans un quartier vivant alors qu’aucune vie véritable ne se manifeste à l’heure de pointe… La situation évolue peu à peu en la défaveur de la promoteuse, John Drummond révélant un caractère maniaque qui mute en réflexion philosophique et nihiliste sur la banalité de tuer des gens ; s’installe alors un huis clos hélas redondant, desservi par une réalisation trop faiblarde pour véritablement tenir la distance – Peter Crane n’est pas Roman Polanski, ni le présent film Repulsion (1965) –, qui interroge pour mieux la nier la spécificité de l’homme par rapport aux autres espèces, en particulier animales, et exacerbe la responsabilité des témoins qui regardent des innocents mourir par peur de sacrifier leur propre existence.
Il y a, dans la figure de Margaret Lord minutieusement apprêtée (le tailleur rose !), l’incarnation du paraître anglais qui cache une hypocrisie profonde, en réponse à laquelle se dresse le terroriste, qui extériorise ses pulsions et met en application ses convictions. Aussi la singularité du long métrage réside-t-elle dans la relation et dans le dialogue créés entre deux individualités que tout oppose, du milieu social à la vision idéologique, et qui pourtant doivent cohabiter le temps d’une exécution de masse. Une curiosité imparfaite.