Déconstruction géopolitique du monde fictif dans lequel nous évoluons, ce monde où il existerait un axe du bien et du mal que l'on aurait normalisé. C'est au long de 2h40 d'images d'archives qu'Adam Curtis retrace, depuis l'après-guerre, l'avènement de cette nouvelle version, simple, palpable, d'une société qu'il est plus simple d'appréhender ainsi. Internet, les attentats suicides, Reagan, Trump, Gaddafi, al-Assad, Occupy Wall Steet... Les sujets se nombreux, et se recoupent pour créer une toile claire de la post-vérité.
Educatif, engagé, et ébranlant nombres de mes savoirs, Adam Curtis s'est introduit dans mon esprit pour lever le voile sur des zones d'ombre dont je ne soupçonnais pas l'existence. Et pas de théories conspirationistes ici, en attestent le pedigree de la BBC du monsieur (dont je vais dévorer toutes les oeuvres), la facilité qu'il y a à faire un fact-check de ce qui est avancé, et l'évidence même par rapport à l'actualité depuis la sortie du documentaire en 2016.
Et si le fond est passionant, la forme, parfois expérimentale, mais toujours travaillé, avec un montage rythmé et signifiant, vient sublimer le tout. Le documentaire le plus chamboulant qu'il m'ait été donné de voir. Un chef d'oeuvre.