Z comme ZQN
Hideo est un looser comme il y en tant pour peupler les films catastrophes. Dessinateur de manga raté, souffre-douleur au couple et rêveur incompris, il n'a vraiment pas grand-chose pour lui. Puis...
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le 10 avr. 2016
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On a tous en tête ce petit moment de béatitude qui se fait ressentir à la fin d’une bobine qui vient de nous faire vibrer alors qu’on n'en attendait pas grand chose. Personne ne semble en avoir parlé, aucun magazine n’a mentionné sa parenté avec un certain Romero pour le vendre, ni même sens critique ne m’a pollué ma zone de navigation avec une pub ciblée vantant le dernier film de zomblard à la japonaise.
C'est dire si ce petit concentré de bonne humeur sanguinolente sort un peu de nulle part. Fortement nappé de la culture propre au manga dont il est l'adaptation, propulsé à la créatine pure par une mise en scène d’une précision troublante et agrémenté de maquillages impressionnants que n’aurait pas renié le maître Savini, I am a hero fait belle impression, celle d’un outsider que l’on aurait sous-estimé et que l’on reconsidère après avoir récupéré de l’uppercut ayant fait compter l’arbitre trapu qui nous relève gentiment jusqu’au 10 fatidique.
Ne vous fiez pas à sa première heure bavarde et trop appliquée à poser l’ambiance, délaissant quelque peu l’action : la contemplation n’a qu’un temps. Lorsque les affamés se mettent à claquer des dents, que les parkings souterrains deviennent des pièges mortels pour les petits humains qui s’y aventurent, la tension monte d’un cran, la caméra ne manque aucune miette des affrontements et les cervelles giclent. Généreux en diable, le final est d’une intensité folle en plus d’être porté par un sens du plan assez remarquable.
Pour autant, ne survendons tout de même pas la bête. I am a hero n’invente rien et se contente de jouer avec les codes d’un genre qui a le vent en poupe en ce moment. Mais là où la plupart des cinéastes qui investissent le domaine peinent à rester simple, Shinsuke Sato compose avec ce qui fait le succès des franchises peuplées de rôdeurs : une tension palpable, de la tripe en pagaille et un héros à la ganache sympathique, mais banale, qui s’imbibe petit à petit d’un charisme mortel au fur et à mesure que la mise en scène se charge de l’iconiser. Bref, une copie certes un peu proprette mais de belle tenue : en un mot, maîtrisée.
Finissons tout de même cet avis quasi dithyrambique —mais que m’arrive-t-il ?— par un petit bémol. La faiblesse du film est certainement ce qui permet son final déjanté, à savoir la culture manga qui le porte du début à la fin. Il faut en effet accepter le casting de jeunes premiers parfois un peu trop fortement enrobés de polish qui va avec l'exercice ; de la même manière, on n’évite pas certaines scènes à l’humour plutôt particulier qu'il aurait mieux valu couper pour dynamiser encore plus cette petite récréation qui dure un peu trop longtemps. Enfin, quel dommage de sous exploiter à ce point le personnage de la lycéenne qui était l'un des plus prometteurs.
Mais au diable ces petites errances. Une bobine de cet acabit, qui parvient à rester sur les rails de sa simplicité pour mettre au max le potard de la générosité, c’est un coup à retrouver la foi et à se dire que le cinéma n’est peut-être pas tout à fait mort. Quand tu sors d’une bisserie de ce calibre (bon, bisserie de luxe car il doit y avoir du pognon derrière, je n'ai pas réussi à trouver le budget de l'entreprise) avec l’envie d’en enquiller d’autres, c’est que quelque part, la petite étincelle qui sommeille encore au fond de l’aigri que tu es devenu s’est mangée dans la tronche un sacré appel d’air ^_^
Pour les images, c'est par ici ;)
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Créée
le 26 nov. 2016
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