They are because she is...
Actrice frustrée par les mauvaises critiques et les insuccès publics, Madonna a décidé d'abandonner définitivement le métier de comédienne... C'est plutôt regrettable, car, quelle que fussent les qualités diverses des films dans lesquels elle joua... (pfffiuouu !!!) elle était à mon avis une excellente comédienne.
Elle brillait, notamment dans le magnifique Snake eyes, le joli Un couple très ordinaire, le formidable Recherche Susan, mais aussi dans le raté Dick Tracy et même dans les exécrables Evita ou Body...
On ne peut guère en dire autant de sa nouvelle double casquette de réalisatrice productrice...
Obscénité et vertu était déjà une purge et Madonna a depuis démontré largement son inanité en tant que réalisatrice avec l'insupportable WE.
Quand au documentaire sur le Malawi, I am because we are, il racole plus souvent le pire qu'il n'atteint le meilleur...
C'est certain, on ne peut pas rester insensible à la misère, à l'horreur et même à la barbarie, parfois, qui est dépeinte dans le film de Nathan Rissman.
Comment en effet ne pas s'émouvoir de la condition de ce peuple oublié qui meurt dans le silence de son absolu anonymat, du sort de ces enfants orphelins abandonnés à la faim et la maladie, à une misère sans nom, à une humanité sans face et à la barbarie de son peuple même et de ses superstitions.
Dès lors, on pourrait saluer Madonna et Nathan Rissman de mettre ce pays dans la lumière afin d'alerter le monde de cette catastrophe humanitaire.
Le problème c'est qu'à aucun moment ils ne se posent de question de mise en scène et d'une éthique de celle ci:
le film montre par exemple l'horreur absolue, mais toujours emballée dans un joli packaging: Plan magnifiques de la misère sur fond de coucher de soleil, flou artistiques, effets spéciaux à pellicule vieillie façon super 8, sublime photographie noir et blanc très arty, ralentis, musique redondante et inutilement mélodramatique...
Bref, tout est fait pour produire un "beau" film, quelque chose d'esthétique chic, clip et toc franchement obscène par rapport à ce qui est montré.
Par ces artifices, la production et le metteur en scène révèlent simplement qu'il ne croient pas en la force pure de leur sujet pour créer l'émotion ou la colère. Il faut donc l'endimancher pour le rendre acceptable à un public occidental décérébré...
C'est absolument révoltant.
Mais cela n'est pas le pire...
Le pire vient de cette façon qu'a Madonna de continuellement penser que le monde tourne autour de son nombril, de son coeur et désormais de ses yeux...
On l'a vu à l'œuvre, dans toute sa splendeur, lors de l'hommage à Michael Jackson avec ces répétés "So do I, so did I, so was I...", comme s'il n'était possible de parler du "Roi" sans se mesurer constamment à la "Reine"...
Et c'est bien malheureusement ici le même problème... Comment je n'ai pas trouvé le Malawi mais le Malawi m'a trouvée... Comment le peuple malawite m'a profondément changé (pendant qu'on la voit distribuer ses affreux bouquins pour enfants dans une école) Comment j'ai adopté le petit David (l'aurait-elle adopté s'il avait été séropositif, la question se pose, réellement, non ?!), comment j'ai passé un contrat avec ce jeune garçon pour qu'il travaille à l'école moyennant finances, comment ce peuple qui sourit même les pieds dans la merde m'apprends à moi, Madonna, que je n'ai pas le droit de me plaindre (sic !)... j'en passe et des meilleures...
Insoutenable !!!
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Sans compter que le film ne parvient à aucun moment à se départir de ce ton paternalise, voir colonialiste, qui achève de le rendre totalement déplaisant quand tout est sans arret mis en balance avec l'occident, l'éducation, ma culture, les traditions, etc...
On eut notamment préféré voir donner davantage la parole au peuple malawite ou aux acteurs sociaux et médicaux du pays, plutôt qu'à ses inutiles guest stars de luxe qui ne viennent qu'enfoncer des portes ouvertes (Bill Clinton, Desmond Tutu...)
Bref, le Malawi est un pays visiblement ravagé qui n'avait vraiment pas besoin d'un catastrophe nouvelle: avoir Madonna pour nouveau Messie !
Bien triste...