Quand un réalisateur parvient à passionner avec la réincarnation.

Il est bien difficile, aujourd'hui, de trouver une oeuvre qui traite de la religion sans qu'il ne s'agisse nécessairement du christianisme, du judaïsme ou de l'islam. Il est encore moins aisé de trouver un film qui puisse à la fois traiter de la réincarnation et le faire en respectant des principes très précis. C'était très risqué, Mike Cahill l'a fait.

L'histoire d'un jeune homme totalement cerveau-gauche, à la pensée horizontale et matérielle, au visage assez insupportable nous rappelant les meilleures vidéos de Poisson Fécond, qui rencontre une jeune femme totalement cerveau droit, à la pensée verticale et plus spirituelle bien qu'un peu new-age. Il cherche à prouver l'inexistence d'une force supérieure (qu'il n'ose appeler Dieu) par ses recherches scientifiques, portées sur les yeux, et en particulier les spécificités liées à la complexité de l'oeil humain. Elle cherche à lui ouvrir les yeux et lui faire porter un nouveau regard sur la spiritualité. L'initiation de celui qui ne croît en rien qui évolue vers une pensée plus grande, plus ouverte, plus élevée. Et si le monde spirituel se manifestait aussi par la science ?
Ce film est à la fois puissant et esthétique. Certaines scènes arrivent avec une violence certaine. La psychologie des personnages est extrêmement bien développée. Bien loin du mélodrame classique et fondant saupoudré de personnages plats et à la personnalité indéfinie, on s'attache ici parfaitement à ce couple névropathe-passionnel puis à ce couple fort en quête de sérénité. On y trouve une multitude de détails très bien pensés.

Si l'approche de la réincarnation présentée à travers ces images est assez naïve, elle est justement accessible à tous les publics et pourrait, qui sait, permettre d'ouvrir un peu les esprits.

Un film magnifique, émouvant au possible, qui ravira ceux qui comme moi croient en la réincarnation, mais aussi ceux qui aiment les belles images, les belles histoires ; la quête d'une vie qui se réalise dans une fin magistrale, sous nos yeux -uniques- ébahis (et plus que certainement humides). Ma plus belle claque cinématographique depuis des années.