De la petite à la grande histoire, Bryan Fogel élabore un récit bien ficelé sans aucun sens artistique.
Le sujet du dopage est intrigant car peu exploité par le genre documentaire. Pourquoi se doper, comment, et surtout, quelle est la grosse machine invisible qui le permet ? Le chimiste directeur du laboratoire anti-dopage de Moscou Grigori Rodtchenkov est le héros de cette histoire.
C'est un lâche qui se repent. Velleitaire, tricheur, menteur, fuyard, il permet de dresser un portrait complexe d'une Russie affamée de grands athlètes.
La moralisation, qui passe par des images représentant Poutine, gâche l'intelligence de ce «petit» personnage. Le doc bascule dans un conflit USA vs Russie, et le spectateur averti ne se trompera pas sur l'ideologisme martelant la grandeur américaine, assez dégoûtante.
Le geste scénaristique, joli quoiqu'amoché par l'anti-sovietisme habituel d'un citoyen qui oublie de balayer devant sa porte, n'est pas complété par une réalisation intéressante. On sent que Fogel n'est pas un amoureux du cinéma. Pourquoi n'avoir pas demandé à quelqu'un de compétent ? Au pays de la démesure, l'hybris a encore frappé.
L'enonciateur est essentiel dans la critique. Si la caméra était partie de Russie, on aurait évité les préjugés de la vieille école. Les 5 points vont à Rodtchenkov, antihéros d'une société holiste.