Voir Ice Road en salles constitue une expérience unique en son genre : découvrir, sur grand écran et dans les conditions offertes par la salle de cinéma, un téléfilm digne des productions SyFy américaines mêlant la bêtise profonde – mais premier degré ! –, l’absence de mise en scène lisible et cohérente, les effets spéciaux hideux, la musique pompière et le jeu grotesque d’acteurs réunis pour le chèque, aussi appelé « prime » dans le film qui nous occupe. Plus d’une heure et demie de rires, devant un long métrage qui n’a pourtant rien d’une comédie, mais qui mériterait d’être enseigné dans les écoles – faites tout l’inverse, et vous obtiendrez quelque chose de réussi, assurément.
La grandiloquence fond comme neige au soleil en ce qu’elle applique des codes qui ne s’incarne jamais à l’image. Le pire étant ici le montage qui s’efforce de raccorder entre eux trois lieux – les étendus gelées que doit traverser le convoi, la mine obstruée, le bureau des grands méchants patrons capitalistes –, occasionnant un saut de puce insupportable qui contraint les scènes à une durée chronométrée en secondes. La caractérisation des personnages… Un handicapé tout droit sorti de Simple Jack, la parodie de drame réalisée par Ben Stiller dans Tropic Thunder (2008) ; une jeune femme dont la lutte pour la survie se double d’une lutte pour l’affirmation de sa minorité ethnique ; un antagoniste nul ; et surtout, notre héros irlandais qui ne semble programmé que pour enchaîner les bourre-pif entre deux « maintenant c’est personnel ».
Qu’un film comme Ice Road sorte dans les salles françaises est une honte ; les États-Unis et le Canada ont eu la courtoisie de confier sa distribution à Netflix.