Ce film estampillé « comédie »a le mérite de faire réfléchir sur une régression humaine. Le trait est outrancier, satyrique et vraiment irrévérencieux. Quelque part, Idiocracy nous fait relativiser sur le fait que notre société contemporaine malgré ses travers, ses injustices et ses problèmes a un minimum de structure. Dans ces Etats-Unis de 2505, l’homme s’abrutit devant des programmes télé débiles, ne sait plus trier ses déchets et a perdu la notion élémentaire d’utilisation de l’eau pour faire pousser les cultures. Le cadre de vie indigne autant qu’il fait flipper. Peu de temps avant le smartphone et l’utilisation du code barre pour valider toute opération ( le film a été tourné en 2005), le scénariste du film est même allé plus loin en imaginant le traçage des citoyens avec un tatouage sur la peau pour être identifié et payer ses services. Il y avait donc un bon feeling sur le devenir humain face aux technologies. Quand à l’histoire de cet homme moyen devenant une éminence grise dans le futur, je dois dire qu’elle ne m’a pas vraiment fait rire. Peut-être par ce que cet anti-héros profite de l’imposture et de la régression pour surnager et en tirer des bénéfices certains. Le hic, c’est qu’avec des semblables dégénérés, les notions même d'équilibre et d’aboutissement sont impossibles et Idiocracy patauge quelque peu avec ce paradoxe. Et donc, pas possible de créer des dialogues percutants, des interactions quand même digne d’intérêt entre personnages puisque l’idiotie est devenue la norme sociétale. Le revers de la médaille étant que le film se perd face au danger qu’il voudrait prévenir et que les personnages s’expriment dans des situations dont l’absurdité prend le pas sur le rire. C’est dommage car l’idée de départ d’Idiocracy était prometteuse mais le traitement au long cours aurait du être plus bétonné pour maintenir un indéniable intérêt, même sur 1h20 et des poussières.