Lorsque j'ai proposé à ma copine de regarder une comédie, elle m'a dit "je suis claqué, donc un truc pas très très intelligent." En scrollant Disney + je suis tombé sur Idiocracy et je me suis dit que c'était la définition même du "film pas intelligent" J'avais déjà vu le film avec un groupe d'amis alors qu'on s'ennuyait entre deux journées de conventions et j'étais plutôt partant pour le revoir.
Parce que si la comédie est revenue en grâce ces dix dernières années après être sortie dans l'indifférence totale, certains lui donnent des vertus intellectuelles qu'elle n'a jamais eu. Notamment cette capacité à se retrouver dans la liste des "oeuvres qui ont prédit l'avenir" au côté de 1984 (qui n'a absolument pas prédit l'avenir) par des gens qui ne sont pas foutu d'analyser une satire.
Si Idiocracy a des relents de 2020, c'est parce les situations qu'elle parodiait (la puissance des corporations, l'omniprésence de la publicité, le désintérêt des politiciens pour les questions environnementales, la transformation de la politique en spectacle, etc... ) n'ont pas changées en quinze ans. Le film n'est pas une prédiction et encore moins sur l'administration Trump : elle ne faisait que parodier l'Amérique de Bush. (D'ailleurs les smartphones n'existent pas dans ce film... bizarre pour un film "prédictif.")
Bref, arrêtez de dire "on est littéralement dans Idiocracy" ça ne vous rend pas plus intelligent.
C'est d'autant plus "une satire" que lorsqu'on y réfléchi à tête reposée, les prémisses de base ne peuvent pas trop fonctionner : les gens sont trop idiots pour survivre jusqu'à l'age de se reproduire (suffit de voir qu'ils foutent des boissons énergisantes dans le biberons des bébés) surtout lorsqu'on voit leur système de santé. Comment le système d'alimentation ou de production d'énergie peut fonctionner dans un monde où rentrer des ronds dans des trous carrés est vu comme un test de QI difficile ?
On peut se dire qu'à une époque, des machines avaient été construite pour automatiser les processus (on en voit partout) mais ça n'empêche qu'il faut quand même des gens pour les entretenir ou pour gérer la construction des bâtiments. C'est comme les monster truck géant à la fin du film : qui les a construit ? (Idem : à un moment on parle d'actions boursières. Comment ça peut fonctionner si les gens les plus intelligents ont du mal à faire une soustraction simple ?)
D'ailleurs l'auteur a renié les intentions eugénistes qu'on lui prêtait, et ça se voit assez vite que le film n'est qu'un immense prétexte à balancer un type ordinaire dans une société où tout est régie par la stupidité (avec une vision très "capitaliste" de cet enfer, les entreprises gérant littéralement tout, y compris lorsque les gens à leur tête sont complètement stupides.)
A le revoir, je trouve plus que les habitants de "l'idiocratie" agissent plus comme des gens défoncés au cannabis que comme de véritables idiots. (Apparemment c'est un peu des deux au vues de certaines scènes.) Et il faut bien plus le voir comme une sorte d'énorme "stoner movie" où le héros est en proie à des gens tous plus lunaires les uns que les autres que comme une dystopie chargée de nous prévenir d'un potentiel futur.
Le film n'est pas super fin non plus et semble content de montrer un monde où tout est plus grossier (les pubs sont omniprésente, les films sont plus débiles les uns que les autres) Mais du coup, ça se regarde bien. Y a pas vraiment de temps mort, les deux héros sont attachants (notamment le fait que Joe soit persuadé jusqu'au bout que Rita est peintre est une touche d'humour naïf dans un monde en proie à une vulgarité crasse) et ça rempli parfaitement les une heure et demi de film. (En plus y a Terry Crews en président des USA !)