Tous à poil, Papa porte une robe & Cie
J'avais peur de ce documentaire. Je craignais qu'il fusse orienté. Cela aurait été dommage pour évoquer la pédagogie neutre.
C'était un bon documentaire dans la mesure où les impacts de la pédagogie neutre étaient manifestes, qu'il y avait des limites dont il fallait prendre conscience. Ces limites sont d'un côté, la prise de conscience de la tradition c'est-à-dire qu'il faut veiller à montrer comment c'était avant l'introduction de la pédagogie neutre pour que chacun puisse faire des choix, parents et enfants, tout en se basant sur la reconnaissance des dommages causés par les stéréotypes genrés. D'un autre côté, la pédagogie neutre se confronte à une autre limite qui peut faire que "hen" va désigner un troisième sexe... tout aussi genré.
Je perçois une troisième limite qui n'est pas annoncée dans le documentaire : le problème des pédagogies alternatives. En tant qu'opposant aux pédagogies alternatives pour leurs guerres de position et leur effet marginal au sein de la société, il est somme toute évident que cette sensibilisation développée par rapport à son propre sexe est en décalage avec les normes sociétales. Si un garçon a une attirance pour porter des robes, les normes demeurent ce qu'elles sont en société : quel que soit son choix, on lui demandera toujours de s'en expliquer, voire même d'être marginalisé économiquement, culturellement et socialement pour ses choix vestimentaires. Il faut nécessairement dépasser le cadre local de mon point de vue, et non pas créer un un îlot de pureté idéologique face à l'éducation et à la pédagogie.
La pédagogie neutre n'a pas pour objectif de faire des garçons des filles et vice-versa. Elle a pour objectif de travailler sur le sexe social - et non sur la biologie.
Le documentaire laisse parler toutes les tendances et les inquiétudes légitimes qu'on peut retrouver localement. Mais remarquons une chose : il commence avec un enfant qui joue avec un drapeau arc-en-ciel et finit avec les propos d'un enfant (de sexe masculin, en bleu, qui veut être pompier et qui considère qu'avoir des cheveux longs, c'est féminin... mais comme il y a la pédagogie neutre, il ne dit pas que c'est féminin : il dit "hen", pronom asexué, pour qualifier un camarade masculin aux cheveux longs).
Ce n'est pas la fin des "petits garçons" mais c'est la fin des "pleurnicheuses" et des "petits rois".
Il tourne un peu à vide ce documentaire, il aurait pu être raccourci d'une bonne moitié pour être plus efficace. Mais c'est intéressant avant tout. "Il, elle, hen" permettra, même si nous ne sommes pas d'accord, de réfléchir à certains propos sexistes. Et il faut le marteler comme on martèle une frontière : le sexisme est un racisme. Ce documentaire donnera des armes pour celles et ceux qui cherchent des arguments-clés face à certaines situations.
Malheureusement, en France, nous n'avait jamais eu, dans notre langue, un pronom équivalent à ce "hen" suédois. Nous avons le "on" comme pronom neutre mais il est tellement neutre qu'il ne désigne pas un individu. Il est généraliste. Alors, il va falloir jeter aux orties l'étymologie afin de combler ce manquement linguistique. Quitte à faire dresser les cheveux des "Immortels" (qui n'en ont plus tellement), organisons un petit concours de création d'un pronom asexué et qui puisse désigner un être humain sans qu'ON puisse dire qu'il s'agit d'un garçon ou d'une fille.
Je propose : Ol, ille... - et pourquoi pas ?
Et puis d'abord, saviez-vous qu'au moyen-âge jusqu'au XVIIIème (?) siècle, la couleur rouge était davantage affiliée aux garçons et le bleu aux filles ? Donc, moi je dis... http://www.youtube.com/watch?v=KlXRwSnA8y4
Et maintenant, une page de pub : http://www.dailymotion.com/video/x11qov9_pub-parfum-invictus-paco-rabanne-2013-hq_creation
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