Anne Vincent est une ravissante jeune femme "full of pep" nettement plus convaincue dans l’existence de l'amour véritable que dans son épanouissement dans les affres de l'institution du mariage. Pourtant, devant l'insistance de son richissime compagnon éperdu d'amour, Dick Ives, qu'elle aime comme sa propre chair, et de son futur beau-père Ives senior, jamais à court de bons conseils, Anne succombe à l'appel de l'autel. S'ensuivent deux heureuses années à vivre sous le même toit, dans leur fastueuse demeure new-yorkaise, en tant que Mr. et Mme. Ives. Mais quand les mois auront passé et seront apaisés leurs beaux rêves flambants (air connu), ils s’apercevront l'un et l'autre que l'échange de vœux n'était que la partie naïvement simple du contrat et que tapi sous les eaux apparemment calmes de leur idylle se cachait l'énorme iceberg de leur crainte et de leur doute. Ajouté à cela le bal incessant des anciens prétendants autour du couple, la coupe est pleine. La survie de leur mariage, pensent-ils, réside maintenant dans la légèreté, la liberté et la magie de leur rencontre. Retour aux fondamentaux. La flamme alors, continuera de brûler...
Illict n'est que le cinquième rôle de l'actrice mais déjà Stanwyck en impose. Nul doute que tout son passage par les Ziegfeld Follies et ses piges dans les divers night-club de Texas Guinan participèrent à faire d'elle la star pleine d'aplomb, d'assurance et de talent qu'elle était. Elle représentait avec d'autres comme Crawford, Garbo ou Dietrich l'image même de la femme forte qui soumettait la vie (et accessoirement les hommes) à ses envies. Elles n'étaient peut-être pas les plus belles actrices de l'Histoire (comparées à une Tierney, une Monroe, une Jones ou une Taylor... bon d'accord, personne n'est belle face à ces femmes-là...) mais assurément les plus belles à voir et entendre jouer. Le timbre de leur voix, la diction parfaite de leur lèvre, l'expression de leur visage et le jeu décomplexé dont elles faisaient montre en ont fait des légendes du septième art. Que toutes les quatre, nées dans la même décennie, figurent dans les onze premières places du classement des actrices de légendes de l'American Film Institute ne doit rien aux hasards. Elles ont plus ou moins donner le "la" à toutes leurs prédécesseurs.
Pour en revenir au film de Mayo, dont c'est seulement le deuxième film que je vois, il est plutôt bon et incarne parfaitement le film hollywoodien de l'ère Pré-Code Hays qui allait sévèrement (et surtout vainement) censurer le cinéma américain et homogénéiser ses mœurs (ceux visibles à l'écran du moins...). Illicit n'est pas pour autant un film rebelle ou anti-conformiste comme en témoignera le happy-end du film. Il fait néanmoins preuve tout de son long d'un incroyable culot et d'un modernisme rare pour l'époque (et même encore aujourd'hui). Il pose en particulier la question de l'individu dans l’institution du mariage : cesse-t-il d'être celui qu'il était avant? Doit-il abandonner le jeu de séduction qui était le sien avant le passage devant le maire/curé? Doit-il prendre pour acquis les sentiments de l'autre? Et les siens? Et surtout peut-il continuer à faire comme si de rien n'était lorsque la complicité d'antan s’effrite? Autant de question auxquels le film répond non. Et au film je réponds oui!
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