In America par Missbale974
Tout d’abord,il faut savoir que le film revêt une dimension autobiographique pour le réalisateur puisqu’il s’est inspiré de son arrivée et celle de sa famille aux États-Unis pour écrire le film.On retrouve d’ailleurs des éléments véridiques tout au long du film comme le vieux ventilateur trouvé dans la rue,la peluche E.T. gagné par le père lors de la fête foraine.
C’est la deuxième fois que je vois le film et je ne peux pas m’empêcher de dire « magnifique ».In America c’est le rêve américain avec ses illusions et en même temps,toutes ses possibilités.Un nouveau départ pour cette famille endeuillée,une carrière nouvelle peut-être pour le père.Il faut saluer la qualité de l’interprétation et notamment celle des petites filles.Elles réalisent,en effet,une prouesse remarquable avec une grande maturité de jeu.Christie et sa sœur voient en Manhattan une nouvelle vie,riche en rêve et en promesse.La naïveté de leurs âges leur permet de ne voir que de la joie,de l’espoir là où un adulte verrait de la misère,de la souffrance.Elles font facilement plus confiance aux autres et n’hésitent pas à aller au devant de Matteo.Néanmoins,Christie est moins candide que sa sœur,elle grandit peut-être un peu trop vite et tente de protéger sa sœur de la souffrance de ses parents. Ces derniers ne sont pas en reste eux non plus,devant l’absurdité de la vie l’une affronte tandis que l’autre capitule silencieusement allant même jusqu’à renier la perte de son fils.Il semble ne plus rien ressentir,ni joie ni peine,il passe son temps à faire semblant pour ses enfants.A un point où il n’arrive même plus à être un bon acteur.Par ailleurs,il se sent respecté par les siens mais ne trouvant pas de boulot,il ne peut assumer son rôle de père et la maigre estime qu’il lui restait,s’en trouve mise à mal.La mère quant à elle,a plus de foi en l’avenir bien que les yeux de son mari lui rappellent terriblement ceux de son défunt fils,c’est d’ailleurs ce qui l’a trahit.Quelque chose se brise en elle lorsqu’elle rencontre le regard de son mari.D’une certaine façon elle aussi se voile la face mais elle essaie tant bien que mal d’avancer ne serait-ce que pour ses filles.
Matteo le locataire du dessous,refuse toute joie tout attachement.Il est en colère contre la vie car cette dernière s’échappe peu à peu de lui et il n’y peut rien.Sa rencontre avec les deux petites filles le soir d’Halloween va lui permettre de lâcher prise et d’accepter sa maladie.Sa rencontre avec le père sera encore plus déterminante et je me souviens de cette scène où Matteo ne comprend pas pourquoi le père n’est pas heureux devant tant de bonheur,de vie.Il les envie,il jalouse ce bonheur,cette chance d’être tous ensemble.Le père pense alors que Matteo veut lui piquer sa famille et ce dernier lui crie en pleurs « oui je suis amoureux de toi,de ta femme,de tes filles ».Brillant tout simplement.
In America est un excellent film sur le deuil,l’acceptation de la mort.D’un côté,une famille perd un de ses enfants,cette mort menace l’équilibre du couple et hante chaque pas du père.Matteo est seul et en veut à tout le monde du moins jusqu’à sa rencontre avec la famille.Sa colère deviendra alors amour.Le film est aussi une réflexion sur le rêve américain,terre des milles possibilités et également,terre de mirages.Si on veut on peut mais à quel prix, on peut aussi perdre tout.Je terminerai par un moment qui m’a beaucoup ému et qui arrive à la fin du film.Le père est dehors ,sa fille Christie va le rejoindre.Elle lui demande de dire au revoir à Frankie(leur fils décédé),que c’est le moment.Le père se met progressivement à pleurer,chose qu’il n’avait plus faite depuis un moment,sa fille le laisse.Elle demande ensuite à sa mère d’aller le consoler.Et,on voit la femme rejoindre son mari,et l’enlacer,il continue de pleurer.Puis,on entend la voix off de Christie dire « j’ai envie de voir Frankie différemment…………je voudrai bien que Frankie me laisse m’en aller…. ».Un moment à l’image du film:poignant,bouleversant,d’une grande beauté