Il aura fallu sept ans à Jason Reitman (fils d’Ivan Reitman, réalisateur de Jumeaux, Un Flic à la Maternelle, Sex Friends et bien évidemment les deux Ghostbusters) pour mettre en boîte In the Air, adaptation du roman de Walter Kirn. Sept ans pour peaufiner le scénario. Sept ans durant lesquels le cinéaste en profitera pour sortir les très acclamés Thank You for Smoking et Juno. Et surtout, sept ans où le paysage économique américain a changé de visage en un rien de temps !

Car en 2002, l’économie était au beau fixe ! Alors que ces dernières années, la récession due à la crise de 2008 a modifié sans demander son reste. Considéré à la base comme une comédie dramatique, le ton d’In the Air prend dès lors bien plus d’ampleur qu’il ne l’était prévu. Étant donné que le film suit le trajet d’un homme auquel on ne voudrait pas s’attacher. Un spécialiste du licenciement qui prend constamment l’avion, allant d’état en état, appelé par des patrons d’entreprises pour virer du personnel. Après avoir lu ce résumé de quelques lignes, vous comprenez pourquoi l’ambiance d’In the Air n’est pas aussi ancrée dans la comédie ?

Surtout le film se révèle être assez pervers, voire cruel, à certains moments. Mettant en avant ce personnage qui profite de ce job pour mener la grande vie (voyage, hôtel et restaurants tout frais payé, aventures sexuelles avec une séduisante jeune femme…). Avec pour seul ambition dans la vie d’atteindre les 10 millions de miles en avion. Pourquoi ? Pour obtenir des privilèges auprès de la société aérienne American Airlines (d’après son programme AAdvantage), ainsi qu’une plaquette avec son nom inscrit dessus. Une existence qui va pourtant basculer. Par l’action d’un ex-employé qu’il a licencié ? Même pas ! Juste par une collègue qui voudrait mettre en place un nouveau concept de licenciement, par vidéo-conférence, qui stopperait littéralement les voyages en avions. Voilà ce dont quoi le protagoniste se préoccupe au lieu de la vie de ses pauvres victimes.

Heureusement que In the Air possède des caractéristiques qui le rapprochent bien plus de la comédie que du drame, sinon, le film aurait vraiment des plus cruels à regarder. Déjà qu’il utilise à sa façon l’humour noir auquel il est parfois difficile d’accrocher. Surtout quand le montage, très réussi (ciselé comme il faut, aux bons moments) se permet livrer certaines séquences de manière clipesque, avec une bonne musique en fond sonore pour détendre l’atmosphère (l’exemple-type étant les préparatifs du personnage principal). D’ailleurs, la bande originale du film permet de donner un peu de légèreté, qui rend le film bien plus abordable qu’il n’y parait. On se surprend même à sourire par moment alors que le thème du long-métrage n’est pas sujet à la plaisanterie.

En même temps, comment est-il possible de résister à ces acteurs qui pétillent à chaque instant malgré leurs rôles de beaux salauds ? Notamment ce cher George Clooney, à qui l’on s’attache sans trop de difficulté. Vera Farmiga (Les Infiltrés, Esther) qui rayonne à chaque plan. Anna Kendrick qui sort le grand jeu après Twilight, allant jusqu’à être nominée à l’Oscar de la Meilleure actrice dans un second rôle. Difficile donc de jeter la pierre à des personnages charismatiques ! Même ceux à qui l’on aimerait donner des claques, comme Jason Bateman (que l’on retrouve après Juno dans un rôle de patron qui semble exprimé aucun sentiment hormis la satisfaction d’avoir une bonne place dans le monde du travail. Sans oublier les apparitions de quelques comédiens ayant déjà travaillés pour le réalisateur dans le passé (J.K. Simmons dans Juno, Sam Elliott dans Thank You for Smoking) et d’un certain Zach Galifianakis, tout juste sorti du succès de Very Bad Trip.

Cruelle mais assez plaisante à regarder, cette comédie dramatique perd malheureusement de son énergie en cours de route. Pour se focaliser sur une histoire d’amour qui plombe l’ensemble et surtout la fin. Comme s’il y avait deux films en un : une trame de mariage qui occupe une bonne demi-heure de l’ensemble, où l’on se préoccupe de la relation entre notre « héros » et sa conqête. Et plus particulièrement de ce qui lui ressent : est-il prêt à changer son mode de vie pour être avec quelqu’un ? Des questionnements à l’eau de rose qui, dans un sens, ne suivent pas à 100% les clichés hollywoodiens (ne vous attendez pas au happy end traditionnel), mais qui ne remontent pas vraiment le moral.

C’était la faute à ne pas faire dans ce film : perdre la bonne humeur établie dès le générique du début, monté sous forme de diapositives de voyages (paysages vus du ciel qui s’enchaînent dans le rythme de la musique). De ce fait, à partir de la moitié du film, on se sent gêné. Gêné par certains passages de licenciements qui brisent véritablement le cœur (d’autant plus que certains figurants sont des personnes ayant vraiment vécu cela). Gêné par une histoire d’amour dont on se fiche royalement alors que d’autres personnes méritent de vivre ce bonheur à cause de la lourdeur pesante de leur situation. Gêné par le film, tout simplement !

En somme, j’aurais sans doute apprécié pleinement In the Air s’il avait été réalisé comme prévu en 2002. Où le cadre économique n’était pas aussi grave qu’à l’heure actuelle. Mais ce n’est malheureusement pas le cas. Et donc, il est vraiment difficile de suivre avec enthousiasme un film qui se montre par moment cruel, malgré une ambiance bonne enfant qui tente de redonner du peps à l’ensemble. La faute n’est pas due au thème du film, au final. Mais plutôt à son traitement, qui ne se montre nullement critique envers ce système de licenciement et du monde du travail, préférant se focaliser une banale trame romantique. Vaut mieux revenir sur Juno, véritable bouffée d’oxygène !

Créée

le 12 janv. 2014

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