Ou quand la réalité ne suffit pas
Rosselini avait entendu parler des bienfaits de l'Inde sur Jean Renoir lors de son tournage du film Le fleuve. Le cinéaste italien entreprend alors un long voyage, de plusieurs mois, où il filme plusieurs villes de ce pays ainsi que sa jungle.
Le résultat n'est pas vraiment à la hauteur des attentes. Premièrement, il y a une volonté de scénariser chacune des tranches de vie que le cinéaste se met à filmer. Entre le cornac qui tombe amoureux d'une femme, fille d'un marionnettiste, l'histoire de cet homme qui quitte le chantier d'un énorme barrage avec sa famille, le vieillard qui médite tous les jours en pleine jungle et enfin, celle du singe qui laisse son maitre mort et erre en rue avant d'être recueilli, Rossellini tente d'aller plus loin que la simple vision des choses. Mais beaucoup d'éléments sonnent faux.
Ce n'est pas nécessairement dans la manière dont le cinéaste filme les choses, qui me semblent-elles, sont faites sur le vif. C'est par contre dans la manière de scénariser les éléments et le montage qu'on comprend que le cinéaste apporte avant tout sa vision de l'Inde. En fait, il souhaite réaliser de ce documentaire une fable qui va plus loin, créer un véritable hymne à ce pays, à ces hommes ou à l'Inde. Mais en voulant créer ces petits récits, le cinéaste perd tout simplement en authenticité.
Ces récits ne sont pas forcément inintéressants. La vision de la vie de cornac est assez bien retranscrite. Et puis, c'est incroyable ce que l'on peut faire avec des éléphants. Celle de l'homme qui quitte le barrage permet de s'interroger sur l'empreinte laissée par l'homme sur cette nature. Et l'histoire du vieillard qui médite en pleine nature et qui estime que la terre est assez grande pour que les hommes et les animaux cohabitent n'est pas mal du tout, dans le message laissé par Rossellini.
Par contre, la voix off est parfois totalement inutile, répétitive et très énervante à répéter de dix manières différentes une action. On peut regretter aussi un regard trop occidental sur ce pays. Bien que Rossellini soit très respectueux, certaines parties du texte dites par la voix off me semble très condescendante. Car oui, en Inde, les hommes dorment, travaillent et rêvent aussi...
Par contre, on peut découvrir de superbes images de la ville sainte qu'est Bénares ou de la nature indienne. On peut juste regretter que chez les néoréalistes, la réalité de la vie quotidienne ne leur suffit pas.
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