L'expert des films catastrophe... à la tête d'une véritable catastrophe !

Il aura fallu vingt ans à ce que Roland Emmerich donne une suite à son Independence Day. Vingt longues années à se faire un nom dans le cinéma de destruction massive à tendance catastrophe (Godzilla, Le jour d’après, 2012) et à toujours vouloir nous livrer plus en matière de générosité spectaculaire. Et le voir revenir à son plus grand succès à de quoi susciter bien des curiosités. Même si, il faut bien l’avouer, les derniers blockbusters portant l’étiquette de suites et autres reboots n’on fait que singer des grands titres du cinéma hollywoodien (Jurassic World et Terminator : Genisys, pour ne citer qu’eux), ce qui pouvait faire douter sur la qualité de cet Independence Day : Resurgence. Mais de la part du réalisateur, nous étions en droit d’attendre le minimum syndical, ce qui était amplement suffisant. Malheureusement, si vous pensiez avoir touché le fond avec les autres navets à gros budget, vous n’avez encore rien vu !


Il est vrai que sur le papier, Independence Day premier du nom avait tout du nanar. Rien que par son scénario, dans lequel une bande de survivants représentant l’humanité (avec le Président des États-Unis parmi les membres, s’il vous plaît) tentaient de combattre l’envahisseur extra-terrestre, le tout noyé dans les poncifs et le patriotisme, autant dire qu’en attendre du Shakespeare serait une grossière erreur. Mais Emmerich avait très bien compris que l'intérêt du film n’était pas dans son script mais dans tout le reste, proposant pour le coup un divertissement diablement rythmé, tendu, spectaculaire, superbement mis en image et finalement bien écrit dans son style (le fait que l’on s’intéresse au sort des personnages, interprétés convenablement soit dit en passant). Bref, le blockbuster d’excellente facture. Mais le cinéaste a beau reprendre l’univers qu’il a créé avec le producteur/scénariste Dean Devlin, les comédiens du premier opus (sauf Will Smith, qui a refusé de revenir) et sa folie des grandeurs en matière de destruction, il se vautre lamentablement ici… Comme s’il avait fait ce film sans aucune envie ni passion.


Le premier à être touché : le scénario. Encore une fois, ce n’est pas de ce côté-ci qu’il fallait attendre monts et merveilles. Sauf que, contrairement à son prédécesseur, Resurgence enchaîne les clichés, les mauvaises scènes, les invraisemblances aussi grosses que la Maison Blanche (le retour WTF ! du professeur Okun), les blagues de mauvais goût, les références gratuites et inutiles au premier ainsi que des scènes d’un grotesque incommensurable tout en oubliant de faire exister ses personnages, anciens et nouveaux, fades au possible et joués sans aucune conviction. Et surtout de mettre de coté les bonnes idées du scénario, à savoir cette déviance dans l’uchronie (le fait qu’on soit dans une époque parallèle à la nôtre dû aux événements du premier film) et cet étirement à un space opera. Juste une espèce d’introduction à une éventuelle suite fait dans la plus grande précipitation qui ressemble bien plus à une mauvaise parodie de son aîné qu’autre chose. Tout en piochant à droite à gauche dans le cinéma d’Emmerich lui-même (Stargate, Godzilla, 2012…) et populaire (Armageddon, Aliens…). Le tout fait soit pitié, soit rire malgré lui, et cela est navrant…


Mais bon, on pouvait se dire qu’Emmerich pouvait se rattraper sur le reste, comme l’aspect technique du produit et son côté spectaculaire. Malheureusement, l’Allemand se vautre en beauté même sur ces points-là ! Se laissant aller à la surdose d’effets spéciaux numériques, faisant regretter les célèbres maquettes utilisées dans le premier film (la destruction de la Maison Blanche, l’extra-terrestre de la zone 51, les vaisseaux…). En délivrant aux spectateurs une mise en scène à ras les pâquerettes qui ne procure aucune tension, aucun spectaculaire, aucune émotion (la mort d’un des personnages du premier film est d’une indifférence totale), au point que le film n’ait aucune scène iconique à nous mettre sous la dent. En ayant un rythme plus que bancal, ne provoquant qu’ennui et désintéressement. En passant bien trop rapidement sur des séquences qui auraient pu être emblématiques (les bâtiments de Dubaï « lâchés » sur Londres, l’attaque aérienne, l’affrontement avec la Reine…) et qui ne sont finalement que de banales images expédiées à la figure du public. En abordant une mise en scène tellement appuyée qu’elle ridiculise la moindre séquence (le discours de l’ex-Président est décidément la goutte d’eau qui fait déborder le vase) La liste est longue mais vous l’aurez compris : Resurgence donne l’impression d’un film qui se fiche entièrement de son existence, prenant les gens pour des cons car étant fait sans passion et ne leur offrant jamais ce qu’il leur promettait.


Si je conspue encore contre Jurassic World, je viens de trouver en Independence Day : Resurgence le plus mauvais film à gros budget qui m’ait été donné de voir depuis Dragonball Evolution, c’est pour dire ! Ignoble sur bien des aspects, Independence Day 2 est une honte, jamais divertissant ni généreux. Juste un ramassis de conneries qui se moque de nous et qui en énervera plus d’un pour sa médiocrité sans nom. Un blockbuster anormalement coûteux qui enterre à jamais son modèle en le poignardant dans le dos. Roland Emmerich est connu pour être un réalisateur de films catastrophe. Avec cet Independence Day 2, il est carrément à la tête d'une catastrophe...

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le 13 août 2016

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