Je voulais l'aimer. Je vous l'aimer de tout mon coeur et de tout mon cerveau.
Et, ça va, ça passe mais comme on dit : ça le fait pas.
Ce film a tout pour être génial et une aventure extraordinaire. Un héros iconique interprété par un acteur iconique, un très bon réalisateur, une aire de jeu sans limites (l'Histoire) et il faut juste saupoudrer le tout de quelques thématiques familiales et existentielles bien gérées pour que le film trouve une profondeur au delà de l'aventure et des courses poursuites.
Mangold y arrive presque mais force un peu trop le trait de sa thématique.
Le temps. Le temps qui passe, le temps qui a fuit, le temps qui ne reviendra pas.
Je pense qu'avec une "horloge magique" comme artefact à trouver on avait compris le sujet James. D'autant que notre héros impétueux a désormais 80 ans (comme son interprète qui est aussi beau, charismatique et sexy à mes yeux que quand je l'ai vu pour la première fois au cinéma à 7ans). Disons que ses primes années sont derrière lui et qu'il se dirige doucement vers la sortie.
ON LE SAIT QU'IL EST VIEUX!!! Ce n'est pas la peine d'en parler à chaque scène. On a compris que le temps a passé, qu'il faut se faire une raison et que le passé ne reviendra pas.
Et c'est dommage que cette thématique toute logique et naturelle soit gérée à la truelle.
Notre héros est vieux et fatigué, il est aussi déprimé (y'en a beaucoup dans sa gamelle tout de même mais je comprends pourquoi). Il porte avec lui des drames, des secrets, des blessures (qu'on a vécu avec lui pour certaines tout au long des 4 autres films) et certaines allusions lancées par-ci par-là sont bien gérées (en particulier celle sur le sang de Kali, impeccable). Ce n'est pas la peine d'appuyer sur son âge pour nous faire comprendre où vous voulez en venir. On connait Indy depuis 40 ans!
L'action se situe en 1969, après l'alunissage d'Apollo. Le monde a changé radicalement entre la seconde guerre mondiale et cette nouvelle ère moderne qui regarde vers le ciel et résolument vers l'avenir et je trouve que Mangold (en tant que scénariste) n'en tire pas particulièrement profit à part dans la première scène (et encore, les voisins qui font du bruit ça n'a pas d'âge).
Les courses poursuites (un peu nombreuses) sont bien faites et bien gérées, c'est dynamique, un peu brouillon parfois rançon d'un style actuel qui fait bouger la caméra dans tous les sens mais Mangold fait partie de ceux qui gère le mieux ce procédé.
Il y a du bon tout de même malgré mon désenchantement.
Harrison Ford éclabousse chaque millimètre de l'écran de sa classe et de son charisme et sa maitrise du personnage n'est pas remettre en doute. J'ai beau adorer Han Solo, Indy est le rôle de sa vie. Il est toujours bougon mais il y a une grande tristesse dans ses yeux qui vend parfaitement la situation du personnage.
Autre bon point, Mads Mickelsen. Il est excellent (contrairement à son rajeunissement dans la scène d'ouverture) en scientifique nazi. Car oui, c'est le grand retour des nazis! Après toutes les banderilles envoyées au 4ème épisode pour son manque de nazi, il fallait donner au peuple ce qu'il avait demandé et c'est tout à fait justifié par l'époque puisqu'en en effet, ce sont des scientifiques nazis qui ont travaillé sur le programme spatial, je ne dis donc rien sur cette résurgence nazi. Malheureusement pour Mads, si lui vend le personnage à 100%, l'écriture laisse un peu à désirer. Il arrive au milieu d'une scène avec un antagoniste établi, il disparait violemment pour réapparaitre sans tambour ni trompette et à partir de là il n'a aucun développement particulier. D'autre part, c'est moi où pendant tout le début du film on essaie de nous faire croire qu'il a voyagé dans le temps depuis 1945? Avec le coup dans la tronche qu'il se prend sur le train, il a pas une marque sur le visage? Il est vivant même? Je m'attendais à une grande révélation de ce genre ou bien qu'il s'agissait de son fils, d'autant qu'il fait largement plus jeune qu'Indy. C'est un peu mal foutu. Mais Mads est excellent.
Il y a ensuite, la filleule d'Indy qui sort un peu de nulle part et ce n'est pas la faute de Phoebe Waller Bridge, elle est très drôle et très convaincante dans les scènes d'action mais le personnage est antipathique. Ces motivations sont flous et juste là pour être en antagonisme avec Indy.
Le personnage de Teddy ne sert à rien du tout mais ne court-circuite pas l'intrigue.
Les rebondissements sont corrects, l'enquête est fluide faite de coïncidences et de déductions parfois rapides mais c'est le lot de ce genre et je ne m'en plains pas.
Par contre, quand on me présente un film qui s'intitule "Le cadran de la destinée", il est illusoire d'essayer de me faire croire que le sujet de la quête sera la lance de Longinus dans la scène d'ouverture pré-générique. Une scène d'ouverture un tantinet trop longue mais tout à fait honorable.
Le rajeunissement d'Harrison est bluffant mais plus cela dure et plus il y a de lumière moins c'est efficace. Cependant, ça marche. Beaucoup moins donc pour Mads Mikelsen qui ressemble à un personnage de Shark Tale.
Côté effets spéciaux, ils sont forcément pléthore et pas tous parfaits. Certaines scènes de poursuites sont clairement des composites et cela se voit, mais ce n'est pas honteux ou douloureux et on retrouve tout de même de l'action réelle et elle est bien faite.
J'ai 2 autres petits regrets : que Mangold n'est pas continué la tradition de se servir du logo de Paramount comme d'image d'ouverture et que le thème d'Indy joue pour la première fois sur un personnage en image de synthèse qui court au loin et de nuit sur un faux train (citation évidente de la scène d'ouverture de la Dernière Croisade).
En effet et d'autant plus, Mangold ne se gène pas pour citer allègrement les films précédents : la grotte aux insectes, certaines répliques et même la scène d'amour du bateau entre Indy et Marion rejouée ici bien des années plus tard et qui, je l'admets, grâce à ses interprètes, est pleine d'émotion. Il aurait fallu faire des choix, les échos sont trop nombreux et ce ne sont pas toujours les bons.
La musique est toujours de John Williams et toujours parfaite, des vieux aux nouveaux thèmes mais elle est bizarrement placée, notamment le thème principal qui démarre jamais au bon moment pour s'arrêter brutalement.
Autre point de friction pour moi, Sallah. John Rhys-Davies revient pour notre plus grand bonheur, pour un cameo inutile et qui pue le fan service de bas étage à plein nez (ce que le reste du film évite vraiment et avec bonheur). Tout ça pour introduire le personnage d'Antonio Banderas (que j'aime beaucoup mais pourquoi?) Ce rôle aurait très bien pu être rempli par Sallah. La scène aurait eu du sens, le dénouement d'autant plus d'impact.
Je m'en fiche qu'Antonio meure, je le connais pas. Mais Sallah!!! Imaginez l'impact, justifiant en plus totalement la décision d'Indy de rester avec Archimède puisque rien ne le retient, du moins le croit-il!
Encore que pas sûr que j'aurais survécu à une émotion pareille.
A mettre au crédit de ce film, pas de grande altération de l'Histoire et de l'histoire d'Indy, de retour en arrière sur ces aventures passées comme on aurait pu le craindre. Le film se tient à bonne distance de la nostalgie si présente de nos jours et je l'en remercie vivement.
Je n'ai pas détesté et je ne me suis pas ennuyée mais il m'a manqué quelque chose. Et je crois que ce quelque chose est Steven Spielberg. On pourra dire ce que l'on voudra, il insuffle quelque chose dans ces films et James Mangold tout talentueux qu'il soit n'insuffle pas la même chose. Ce n'est pas la même magie, pas le même cœur.
Mais passons outre, le film ne peut être que ce qu'il est et pas ce que je souhaitais qu'il soit.
Et dans ce cas là, il y a des trous (et on parle d'un film d'aventures fantastique, on peut vraiment suspendre son incrédulité mais il faut que les choses s'enchainent correctement), le cadran d'Archimède c'est un peu nase (pire que les crânes de cristal qui eux au moins sont connus du grand public , même en tant que canular) et le voyage dans le temps c'est vraiment pauvre après l'immortalité.
Mangold et ses scénaristes essaient de passer un peu trop en force à mon goût pour faire un Indiana Jones avec tous les ingrédients mais une trop grosse truelle.
Mais il aurait pu être bien pire au vu de ce qui est sorti de chez Disney ces dernières années.
Ce n'est donc pas si mal.
Et puisque c'est la dernière fois que je verrai au cinéma mon personnage de cinéma préféré, joué par l'un de mes acteurs préférés, l'homme de ma vie cinématographique depuis que j'ai 7 ans, hé bien je le prends tel quel et je dis merci.
Merci Indy pour 40 ans de cinéma et d'aventures.