Maintes fois repoussé depuis son annonce en 1994, c'est 19 ans après le dernier opus de la saga que sort "Indiana Jones And The Kingdom Of The Crystal Skull", réalisé par Steven Spielberg, avec Harrison Ford, Cate Blanchett, Karen Allen, John Hurt et Shia LaBeouf.
- Indiana Jones et son partenaire Mac, sont prisonniers des soviétiques et contraints par leur chef, la Colonel-Professeur Irina Spalko, à retrouver une caisse au mystérieux contenu apparemment magnétique dans la Zone 51.
En voyant ce quatrième opus, je me dis qu'il n'était vraiment pas indispensable de relancer une saga qui jusque-là était excellente et demeurait comme étant la meilleur trilogie de films d'aventure. Le film est une déception dans l'ensemble même si tout n'est pas à jeter.
À commencer par la scène d'introduction qui est excellente avec la première apparition d'Indy en mode papy très bien amené et mis en scène dans un ton totalement spielbergien. Cela présageait plutôt de bonnes choses. Vient ensuite la scène où Indy parvient à survivre à une explosion nucléaire en s'enfermant dans un frigo. Cette scène a fait couler beaucoup d'encre chez les fans, constituant un des principaux arguments pour justifier que ce film était une merde. Alors oui, je suis d'accord et je trouve que cette scène est complètement ridicule. Mais pourtant, je n'ai jamais vu les fans crier au scandale lorsque dans "Indiana Jones And The Temple Of Doom", Indy arrive à survivre à une chute de plusieurs centaines de mètres en atterrissant sur la neige grâce à un canot pneumatique. Certes, cette scène est largement moins "what the fuck" que celle de l'explosion nucléaire mais elle reste quand même assez ridicule dans le contexte. Mieux vaut peut-être le prendre sur le ton de l'humour et se dire que cela vient conforter le statut mythique de notre aventurier (si ce n'était pas déjà fait). Bah ouais gros, qu'est-ce qu'il y a ?! Même une explosion nucléaire n'arrive pas à venir à bout du légendaire Indiana Jones ! Et il faut dire que le plan d'Indy sur fond de champignon atomique est bien classe et fait partie des meilleurs plans de la saga pour ma part. Si on excepte ce moment, je dois dire que les 40 premières minutes du film sont très bonnes et je ne vois pas trop ce qu'on pourrait leur reprocher.
Spielberg veut jouer sur la fibre nostalgique, mais pour le coup, je dois dire que cela n'a pas entièrement fonctionné sur moi, comme pas mal de personnes je pense. Malgré les intentions de Spielberg et son équipe, je n'ai pas retrouvé l'esthétique des précédents opus. Après, qu'on ne s'y méprenne pas, le film jouit d'une certaine beauté et la photographique est plutôt bonne. Malheureusement, il ne possède pas le même rythme effréné que ses prédécesseurs. En soit, la mise en scène de Spielberg n'est pas mauvaise et il a toujours l'art de filmer avec un certain dynamisme ses scènes d'actions. Mais c'est sûr qu'on a eu l'habitude d'avoir bien mieux de sa part, en particulier dans les précédents opus. Et les effets numériques ne sont pas très beaux dans l'ensemble. Pendant la poursuite dans la jungle, il y a beaucoup trop de surenchère dans les situations qu'elles ont fini par me lasser comme Shia LaBeouf en mode Tarzan ou tout le groupe qui survit à trois chutes d'eau consécutives. Que Indy s'en sorte, ok pas de problème, le mec a quand même survécu à une explosion nucléaire, alors trois chutes d'eau, c'est du menu fretin pour lui. Mais pour les autres, non ! À noter aussi quelques scènes pas très efficaces comme la scène avec la fosse de sable sec et le gag du serpent.
Point positif, Harrison Ford toujours aussi bon dans la peau de l'aventurier, bien impliqué dans son rôle et dégageant une énergie fort appréciable. Ce n'est malheureusement pas le cas des autres acteurs. Shia Labeouf, en ado rebelle des années 50, livre une prestation assez fade. N'est pas Marlon Brando dans "The Wild One" qui veut. Cate Blanchett n'est rien de plus qu'une vilaine caricature en ennemi soviétique et on a plus envie de rire que de craindre cette parodie de méchante. Les personnages secondaires manquent vraiment de charisme, seule Karen Allen arrive à tirer son épingle du jeu.
Mais le gros point faible du film, c'est évidemment son mauvais scénario, en particulier dans la dernière partie. Il est signé David Koepp, appelé à la rescousse pour finaliser le script, qui d'habitude est plutôt un bon scénariste. Je ne comprends pas comment Spielberg a pu accepter ce scénario sans faire certaines révisions. Il manque cruellement de rigueur. Le côté mystique et surnaturel a toujours fait partie de la saga donc une histoire qui tourne autour d'une civilisation d'extra-terrestres (ou d'êtres interdimensionnels si vous préférez), j'ai envie de dire ok pourquoi pas. Mais c'est tellement mal amené, maladroit dans son traitement et pas du tout crédible que ça en devient vraiment ridicule et inutile sur la fin. Le choix de la subtilité et de la suggestion auraient été bien plus judicieux. Et puis le coup du Indiana Jones en mode père et qui se marie, je pense pas que c'était vraiment indispensable. Même si je peux essayer de comprendre que quelque part, c'est un peu l'évolution logique du personnage quand on voit son cheminement au fil des trois premiers films.
Malgré 40 premières minutes de très bonne facture, "Indiana Jones And The Kingdom Of The Crystal Skull" s'avère ne pas être un bon "Indiana Jones", largement en-dessous de ses prédécesseurs, et reste une déception dans l'ensemble dû à un scénario maladroit et ridicule. Tout n'est pas à jeter et il y a quand même un certain plaisir à retrouver Harrison Ford dans la peau du légendaire aventurier. Et si on exceptait le fait que ce soit un film "Indiana Jones", on pourrait presque le qualifier de divertissement correct. Malheureusement, ce n'est pas le cas et cette œuvre vient ternir l'image de la saga jusque-là excellente. Mais, pour tout le plaisir que m'ont apporté Lucas et Spielberg (surtout Steven) à travers leurs films, la grandeur de mon âme fait que je leur pardonne cet échec. Par contre, j'ai vu qu'un "Indiana Jones 5" verra bientôt le jour. J'espère sincèrement que les erreurs commises dans ce quatrième film ne seront pas réitérées car je ne pense pas pouvoir être aussi clément une deuxième fois.