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Infernal Affairs se suffisait à lui-même, un thriller high concept qui maniait ses images pour souligner la duplicité de ses personnages et étirait la tension efficacement. Sa suite (ou plutôt son préquel), plus dispensable, parvenait tout de même à tirer son épingle du jeu en proposant une réflexion sur la balance entre le bien et le mal qui s’établit dans le conflit, posant la fameuse question de la fin et des moyens. Pour la conclusion de la trilogie, Alan Mak et Andrew Law choisissent de mêler les temporalités pour rendre une métaphore de l’Enfer bouddhiste, répétition éternelle percluse de fautes et de regrets.


Ming (Andy Lau), survivant du premier volet et taupe chez Sam (Eric Tsang), est hanté par ses actes et par Yang (Tony Leung), le flic infiltré qu’il a descendu. Il cherche la rédemption, il veut devenir quelqu’un de bien. Il est donc bloqué dans un purgatoire qui le met en chasse d’autres taupes pour couvrir ses arrières, quitte à répéter les mêmes erreurs morales. Pourtant la solution est martelée sans subtilité par la psy, personnage qui entretenait une relation avec Yan et qui jette désormais son dévolu sur lui: “Il faut dire la vérité pour être aidé”. Une intention des cinéastes qui est explicitée par le carton final, un mantra, que je vais paraphraser à défaut de le retrouver: lorsqu’une âme tombe en Enfer, elle est vouée à se réincarner avec un karma similaire qui l’amène de nouveau en Enfer. Une boucle éternelle donc, où le tourment ne cesse jamais.


Sur le papier, c’est intéressant. Dans les faits, Infernal Affairs III souffre de trop nombreux défauts qui empêchent sa thématique de prendre. La principale tare vient de son écriture, laborieuse et inutilement labyrinthique, qui demande au spectateur une certaine patience avant de bien saisir le rôle de chacun et les enjeux qui les motivent. Un raté qui freinait déjà mon enthousiasme pour le second film. Le jeu des temporalités n’est à aucun moment justifié, tout juste sert-il à faire rempiler Tony Leung dans le rôle de Yan. Il brouille le scénario, et va même jusqu’à créer des dissonances avec les personnages présentés dans les deux premiers volets. Ainsi on ne croit plus aux relations qui se nouent entre les protagonistes, ni à ce fractionnement de la personnalité de Ming (bien que ces scènes soient les seules à sortir du lot visuellement). La tonalité sirupeuse des échanges laisse de marbre, accompagnée d’une musique mielleuse qu’on dirait toute droit sorties d’un mélange de stocks libres de droits et d’une version cheap du Love Theme de Nino Rota.


Non, décidément, ce troisième chapitre ne m’a pas plu. Narration brouillonne, tension inexistante, et thèmes en principe passionnants mais au traitement raté, rien qui ne légitime son existence. La boucle était déjà bouclée. Un aspect méta qui nous fait revivre éternellement le même film, mais dans une version qui se dégrade à chaque nouvelle itération? Si c’était conscientisé, c’est du génie!


La Trilogie en critique:

Infernal Affairs

Infernal Affairs II


Frakkazak

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