Ingeborg Holm est un des rares longs-métrages signé par Victor Sjöström à avoir survécu jusqu'à nos jours. Ce film de 1913 s'inscrit dans la veine du Réalisme à tendance sociale, qui pourrait faire penser par son histoire, mais aussi sa description de la non-assistance (voir de la cruauté) des institutions et autorités de l'époque aux oeuvres littéraires de Zola et encore plus Hugo, si ce n'est qu'ici chez Sjöström il y a une absence de Providence ou du hasard. Le souffle romantico-tragique est par contre présent mais sans jamais être omniprésent, il y a une discrétion presque une retenue chez l'auteur pour éviter la sensation en nous racontant cette histoire de Ingeborg (sorte de Fantine suédoise) mère de famille tombant dans la misère et à laquelle on retire ses enfants. Les cadres de cette mise en scène sont stricts mais minutieusement composés, la limitation des moyens techniques et bien compensée par la force des images et des interprétations.