Les sacs de sable comme rempart à l’envahisseur et travail-ensemble d’une communauté bien blanche. Le défaut principal de réalisation trahit en réalité les bases idéologiques douteuses de l’édifice : filmer des hommes et quelques femmes construire une digue sous une pluie artificielle – car inégalement répartie dans l’espace et sur l’écran – sans jamais passer de l’autre côté pour en justifier l’élévation. Quelques jets d’eau ne suffisent à donner vie au fleuve ; car on sait que derrière les sacs, rien ne se trouve. Comme derrière cette apologie du repli sur soi. Inondations : un fleuve en colère célèbre le modèle de la famille unie, des relations encadrées par les temps traditionnels – ainsi la bague de fiançailles –, le rejet amer de tout ce qui lui est extérieur. La résolution finale chante un communautarisme nauséabond teinté d’éloges au self made man constitutif et bras armé de cette communauté ; on se réunit sous le drapeau qui, lui, a résisté aux tempêtes ! Le narrateur dit d’ailleurs clairement que l’Amérique a gagné la guerre contre la nature. Pire, l’a contrôlée. Les fondations de l’œuvre s’avèrent donc pourries. Dommage car le huis clos tenu dans la maison du grand-père fonctionnait et offrait au fleuve, à la manière du film Et au milieu coule une rivière (en bien moins intelligent certes), la dimension allégorique d’un tempus fugit emportant par ses eaux les cadres du passé. Noyé sous le drapeau, le film alterne les scènes de manière automatique sans cohérence, résout ses difficultés comme par magie et donne à des acteurs moyens des dialogues navrants aussi pompeux qu’explicatifs. « La voiture doit être sous l’eau. Elle ne démarrera pas. » Sans blague. Brasse coulée.