Sur le papier, Inoperable faisait envie. Et son trailer m’avait intrigué. Il y a quelques années, je m’étais demandé pourquoi plus de films n’empruntait pas le concept du génial Un Jour sans Fin pour le transposer dans d’autres genres. Il semble que les producteurs m’aient écouté, puisque c’est ainsi que débarquèrent Edge of Tomorrow pour la science fiction, Before I Fall pour la romance adolescente teintée de fantastique, puis Happy DeathDay pour le slasher. Inoperable reprend encore une fois ce concept, en le plaçant dans un hôpital, en prenant la direction de l’horreur pure, et en plaçant en tête d’affiche Danielle Harris, bien habituée depuis le temps à fuir des tueurs et autres (4 films de la saga Halloween, 2 de la saga Butcher, See No Evil 2). Sur le papier, Inoperable, premier long métrage de Christopher Lawrence Chapman, faisait envie. À l’écran, malgré des moments sympathiques et quelques bonnes idées éparpillées, ce n’est malheureusement pas franchement palpitant malgré la courte durée du métrage, n’atteignant même pas les 1h30. Pourtant tout commence rapidement. Alors qu’elle est coincée dans le trafic, Amy entend l’annonce d’une grosse tempête qui menace le côté de la Floride. Après une petite migraine, voilà qu’elle se réveille dans un hôpital. Et à partir de là, c’est parti, Amy va devoir trouver une solution pour que les événements ne se répètent pas, revivant inlassablement la scène en voiture du début, avant d’arriver à l’hôpital et de tenter de partir. À chaque nouvelle boucle ceci dit, les personnages réagiront différemment.
C’est là la grande (seule) différence entre Inoperable et les films l’ayant précédés, les événements changent à chaque boucle. Parfois, le personnel hospitalier ne verront même pas Amy, parfois ils tenteront de la tuer immédiatement, d’autres fois ils s’occuperont de torturer les autres patients. Amy finira d’ailleurs par rencontrer deux autres personnages eux aussi conscients de cette boucle, Ryan et Jen. Ensembles, ils vont tenter de comprendre le lien entre la tempête et les boucles temporelles, ainsi que les événements étranges qui se déroulent dans cet hôpital pas très catholique. Intéressant sur le papier, à l’écran par contre on sent immédiatement le réalisateur un peu perdu dans la fausse complexité de l’ensembles, préférant accumuler les moments chocs et confus plutôt que de nous donner une seule piste pour que le mystère soit compréhensible. Parfois, tout se passe normalement à l’hôpital. D’autres fois, personne ne voit Amy, parfois Ryan et Jen la reconnaisse mais d’autres fois non, parfois ils sont déjà en train de se faire tuer et à d’autres moments ils se retrouvent en pleine fuite. Si bien qu’au fur et à mesure des longues minutes, on a juste l’impression de voir Danielle Harris, courir dans des couloirs vides, encore et toujours, entre deux scènes chocs.
Et c’est dommage dans le fond, car les effets spéciaux de ces scènes chocs sont de très bonne facture (Robert Kurtzman s’en occupe en même temps), et en elle-même, la mise en scène livre quelques bons mouvements de caméra, notamment pas mal de petits plans séquences dans les couloirs effectués à la steadycam, qui donnent un côté sérieux au métrage. Mais non, il y a un vrai problème de scénario ici, si bien que les révélations finales s’avèrent plus frustrantes que vraiment révélatrices ou intéressantes. Et c’est un réel problème de scénario ici, qui s’amuse à nous balancer sans arrêt des éléments, parfois s’amuser à les répéter, mais sans jamais aucune raison, sans aucune connexion entre ses éléments. Même Danielle Harris semble finalement peu concernée par ce qui se passe à l’écran, et pour un rôle aussi présent, dans quasiment tous les plans de toutes les scènes, et bien c’est encore une fois dommage, et ça fait mal au film. Pourtant oui, on sent des efforts dans certains domaines (mise en scène, photographie et effets spéciaux), on sent que le film essaye de bien faire avec un budget extrêmement réduit (quasiment aucune scène extérieure, basiquement juste l’hôpital et la voiture), mais la sauce ne prend pas, et le final laisse un goût légèrement amer.