Lourd & Long
Énième Prequel d'une Saga au succès passé, comme en témoigne le nombre de personne dans la salle (8) le premier soir de sa sortie. Contrairement à des films comme Annabelle ou Conjuring où les...
le 4 janv. 2018
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Quand le réalisateur James Wan donne naissance à une franchise pour finalement la quitter afin de s’atteler à d’autres projets, celle-ci persévère dans le commercial tout en perdant de sa saveur. Ce fut le cas avec la saga Saw qui, après un premier opus diablement oppressant et psychologique, s’est poursuivie par du torture porn gratuit et sans saveur – et nous en sommes au huitième volet (Jigsaw), c’est pour dire ! Conjuring est également à mettre dans le même panier, le cinéaste ayant accouché de deux films d’horreur tout bonnement excellents, avec autour des spin-offs. Si Annabelle 2 a su convaincre, le premier n’a fait que de se reposer sur l’aura de sa poupée, le résultat n’étant pas du tout à la hauteur des attentes. Et nous pouvons, par la même occasion, appréhender les futurs The Nun (film sur le démon « bonne sœur » aperçu dans Conjuring 2) et Conjuring 3, James Wan n’étant pas assuré de diriger ce dernier. Et enfin, Insidious, qui s’est vu offrir un troisième film bien en-dessous de ses prédécesseurs, le remplaçant de Wan (son scénariste et complice Leigh Whannell) ne parvenant jamais à retrouver l’efficacité des autres longs-métrages. Une énième saga horrifique donc qui se repose sur les lauriers de ce qu’a pu faire James Wan, et qui continue de le faire avec ce tout nouvel épisode, et ce inlassablement.
Ne prenant plus le risque de perdre le spectateur dans une time line décousue (Insidious : Chapitre 3 était un prequel et non une suite), ce quatrième opus oublie toute notion de « Chapitre » et assume d’emblée ses ambitions, à savoir présenter l’enquête ultime d’Elise Rainier, le personnage le plus apprécié de la saga et ce depuis le 1. Alors que le 3 avait commencé à dévoiler celui-ci de manière beaucoup plus intime (nous connaissions ses peurs et sa manière de voir les choses), cette Dernière Clé nous montre cette fois-ci son passé, afin de mieux la comprendre : d’où vient son don, ses ambitions, l’amour pour son prochain, cette envie d’aider… tant de qualités qui font son charme, son aura, et qui seront – sur le papier – mis à rude épreuve dans cette nouvelle affaire paranormale, pour le coup personnelle (Elise devant intervenir dans la maison de son enfance). Encore une fois, nous ne pouvons qu’apprécier le travail qu’a effectué Leigh Whannell sur la franchise Insidious en termes d’écriture. C’est-à-dire se préoccuper avant toute chose de ses protagonistes plutôt que de l’horreur pure. Et encore une fois, en se concentrant sur l’histoire d’Elise, Insidious 4 respecte ses aînés et gagne en intérêt là où d’autres titres horrifiques ne parviennent même pas à capter notre attention. Il est cependant dommage que le script ne soit pas aussi fin qu’auparavant, se montrant pour le coup assez grossier. Dans le sens où l’humour est bien trop appuyé dans cet opus. Où les liens avec les autres films (notamment le 3 et le 1) prennent par moment un peu trop le dessus, comme s’il fallait rendre légitime l’appartenance de cet opus à la saga. Où les personnages secondaires interviennent de manière aléatoire au point d’en être ridicules : une des nièces d’Elisa avoue d’un seul coup posséder le même don qu’elle et qui a décidé de rester sans raison pour aider, pour les besoins du scénario et rien d’autre – j’ai un autre exemple pour le dénouement, mais je vais me taire au risque de spoiler. Où le potentiel d’écriture (le démon KeyFace étant la symbolique du combat intérieur que doit effectuer Elise, avec ses peurs et son passé) se retrouve enseveli par des banalités horrifiques lassantes. Bref, rien de bien folichon à l’horizon, alors que le film avait les cartes en mains pour véritablement s’en sortir.
Mais là où ce quatrième opus se démarque du précédent, c’est par l’efficacité de sa mise en scène. Alors que le 3 se perdait dans une trop longue exposition (il fallait attendre 50 minutes avant que quelque chose d’effrayant se produise) et des lenteurs qui amenuisaient au long-métrage toute angoisse, celui-ci va directement à l’essentiel. Certes, il y a encore des moments dramatiques ô combien niaiseux venant casser le rythme (souvent sous fond de musiques douces et de lumières chatoyantes), mais cet Insidious 4 parvient à faire peur. Alors oui, c’est encore par le biais de jump scares souvent gratuits et déjà vus, comme c’est le cas pour la majorité des titres horrifiques actuels. Mais force est de constater que malgré cela, cela fonctionne plutôt bien dans l’ensemble. Surtout que pour certaines séquences, le long-métrage prend bien son temps pour installer ses effets et surprendre le spectateur plus facilement. Avoir choisi le méconnu Adam Robitel pour diriger cette suite s’avère être une pioche de bonne facture, ce qui pourrait lui ouvrir bien des portes. Il est cependant navrant que le film s’abandonne – une fois de plus via le passage dans le monde des démons – dans un dénouement ridicule au possible, laissant sur le banc de touche toute tension et puissance. La faute à un cruel manque d’atmosphère, chose dont les films précédents pouvaient se vanter (notamment dû à la photographie de John R. Leonetti, bien qu’il soit un piètre réalisateur), et un sens de la musique maîtrisé. Comme en témoignait l’apparition du titre, sous une détonation de violons à faire exploser le cœur de la poitrine, ici totalement absent. On se retrouve même avec un final expédié à la va-vite, éjectant du récit le démon et donc sa terreur principale comme si tout cela se moquait de toute envergure alors qu’il aurait dû en avoir (surtout pour un film prétendant être le dernier de la saga). Même si l’on peut sursauter d’effroi, on ne se sent pas aussi investi que pour les autres opus, Insidious 4 se regardant plutôt que se laissant vivre.
Un constat qui n’est pas spécialement aidé par le casting, il faut bien le dire. Si Lin Shaye s’en sort avec les honneurs une fois de plus dans la peau d’Elise, on ne peut plus en dire autant de ses deux complices (Angus Sampson et Leigh Whannell lui-même), qui préfèrent se laisser emporter par l’humour que l’effroi. Le duo de « Ghostbusters » ne semble plus aussi impliqué qu’auparavant, nuisant à la cohésion du groupe et à notre attachement envers les personnages. Quant aux seconds couteaux, ils sont excessifs dans leur manière de jouer (Josh Stewart, Bruce Davison, Kirk Acevedo…) ou bien fades au possible (Caitlin Gerard, Spencer Locke, Tessa Ferrer…). Et ne sont pas spécialement aidés par le côté interchangeable et aléatoires de leur rôle respectif. Il faut toutefois reconnaître que l’on a vu bien pire ailleurs, le genre horrifique étant principalement celui qui regroupe les plus mauvais comédiens que l’on puisse connaître. De plus, Lin Shaye étant la valeur sûre de la franchise jusqu’ici et ne se concentrant que sur son personnage, Insidious 4 peut sans problème compter sur les épaules de l’actrice pour sauver les meubles.
Mais le résultat est sans appel et ce depuis le Chapitre 3 : Insidious n’est rien sans James Wan à la barre. Bien qu’il ait livré un second opus fort discutable, le réalisateur avait su proposer de la tension, de l’angoisse. En laissant la main à son scénariste et à un inconnu ayant fait ses armes avec un script (celui de Paranormal Activity 5) et un long-métrage passé inaperçu car rarement distribué à l’international (L’étrange cas Deborah Logan), la saga est tombée dans la plus grande banalité. Comme le prouve ce quatrième volet, certes efficace mais ne sortant jamais des sentiers battus. Un divertissement d’épouvante se laissant regarder sans déplaisir mais qui s’oublie très vite. Mais vu que la boucle semble enfin bouclée (la franchise ayant fait le tour du personnage d’Elise), on peut se rassurer qu’aucun autre film intitulé Insidious ne vienne enfoncer cette série dans le grand n’importe quoi, qu’elle a jusque-là su éviter. À moins que Leigh Whannell et les producteurs (Jason Blum et James Wan lui-même) aient la folie des grandeurs et poursuive l’aventure… car, au cinéma, quand il est question de succès et d’argent, tout est possible !
Critique sur les sites http://lecoindescritiquescine.com/les-critiques/insidious-la-derniere-cle-dadam-robitel/ et https://lecinedeseb.blogspot.com/2019/02/rattrapage-2018-insidious-la-derniere.html
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le 5 janv. 2018
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