Vil requin
Si Les Dents de la mer n’inaugure pas la thématique du requin au cinéma, c’est pourtant bien lui qui fonde le genre du film de requin en y instaurant des jalons aujourd’hui incontournables. Déjà, le...
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le 21 août 2016
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On pensait que pour sa nouvelle réalisation, l’Espagnol Jaume Collet-Serra ferait de nouveau appel à Liam Neeson. Et pour cause, le papa d’Esther nous avait habitué à enchaîner les thrillers d’action avec la star de la trilogie Taken, l’ayant fait tourner dans trois films consécutifs (Sans identité, Non-stop, Night Run). Mais non, cette fois-ci, le cinéaste le délaisse (enfin) et se lance dans la conception d’un blockbuster idéal pour l’été : un survivor avec un requin comme antagoniste. Quand on connait le bonhomme et sa manière de filmer, on peut d’emblée se dire que le résultat peut s’avérer de bonne facture, pouvant trouver un divertissement à la botte de l’indétrônable Les Dents de la Mer. Après visionnage, on est heureux de dire que nous avons-là le meilleur film de genre depuis longtemps, surpassant Peur Bleue et les innommables navets des studios Asylum. Mais ne nous voilons pas la face : on est encore très, très loin de Spielberg et du titre d’excellent entertainment du moment…
Instinct de Survie (The Shallows en VO) peut heureusement se vanter d’avoir bien des qualités. À commencer par ses effets spéciaux. Si le cadavre de la baleine (oui, on à ça dans le film) peut faire un peu plastoc à l’œil nu et que certains fonds verts sont visibles, il n’y a franchement rien à dire en ce qui concerne le requin. Rarement un squale fictif, ici réalisé entièrement par ordinateur, était apparu aussi crédible dans son visuel. L’animal impose sa présence à chacune de ses apparitions, renforce la tension dès qu’il sort l’aileron de l’eau… bref, on y croit énormément ! Sur ce coup, les bousasses pixelisées de Peur Bleue et le robot incontrôlable des Dents de la Mer peuvent aller se rhabiller ! Et rien que pour cela, Instinct de Survie mérite qu’on le regarde.
Autre atout du film : son réalisateur. Il l’avait démontré avec Esther en instaurant une ambiance pesante, l’avait prouvé avec ses thrillers d’action superbement menés et énergiques : Jaume Collet-Serra sait manier une caméra et a le sens du montage. Avec Instinct de Survie, il le prouve encore une fois via des séquences plutôt tendues et rondement menées, ne tombant jamais dans la facilité pure et dure (par là, il faut entendre l’utilisation abusive de jump scares ou alors d’être gore à outrance). Le film montre ce qu’il faut sans en faire trop, sait titiller notre palpitant lors du visionnage… Sans compter qu’il a du talent pour diriger ses comédiens. Il suffit de voir Blake Lively, à fond dans son rôle, totalement investie et délicieuse à souhait. Mais il faut bien avouer qu’avec Instinct de Survie, Jaume Collet-Serra s’est tout de même perdu dans l’excès et le côté hollywoodien de son film.
Car si tout ce qui entoure le requin assure le spectacle, le reste ne tient pas grandement la route. Surtout les séquences de surf durant la première partie du long-métrage, énervantes au possible. Ces dernières donnent l’impression de ne pas être filmées par le même réalisateur, semblant provenir d’une publicité pour adolescents. Accumulant pour le coup ralentis dégueulasses, musique techno répétitive, longueurs inutiles, images façon cartes postales… en passant, bien évidemment, par des plans sensualisant Blake Lively. Oui, l’actrice est très belle et c’est un plaisir de l’admirer sous son plus simple appareil. Mais il n’y avait franchement pas besoin d’insister autant sur ses fesses, sa poitrine, son décolleté et autres atouts physiques. Et n’oublions pas les incrustations d’écran (ceux des portables et autres SMS sur l’action même) qui, si cela fonctionnait bien pour Non-stop, parasitent totalement l’image ici, le public ne sachant quoi regarder sur l’instant. Avec une mise en scène aussi appuyée et parfois vulgaire pour le coup, Collet-Serra surprend dans le mauvais sens, lui qui pour le moment ne s’était pas encore laissé aller à autant de débauches techniques.
Et, vous l’aurez deviné, le scénario n’est pas des plus fameux. Bien évidemment, ce n’est pas le point le plus important à relever dans ce genre de film. D’autant plus qu’avec Instinct de Survie, Collet-Serra et son scénariste Anthony Jaswinski ont voulu faire un effort en creusant un peu le personnage joué par Blake Lively tout en ne mettant pas de côté un aspect spectaculaire pour le divertissement. Comme par exemple l’importance de cette expérience de survie pour l’évolution du protagoniste. Mais bon, face à certaines scènes, il est plutôt difficile de ne pas rire devant des situations invraisemblables au possible. Comme le coup du chronomètre, le passage des méduses, « l’amitié » avec la mouette, le comportement du requin ou même sa mort. Et tout cela pour arriver à un happy end tout aussi prévisible que le reste du film.
Ni vraiment bon ni vraiment mauvais, Instinct de Survie est un divertissement qui fait passer le temps avec ce qu’il faut en poche pour amuser la galerie si l’on n’est pas regardant. Mais il faut bien le dire : Jaume Collet-Serra a réalisé bien mieux que ce blockbuster estival, qui ne se foule pas vraiment, se contentant de son requin et de la beauté plastique de sa tête d’affiche pour véritablement séduire. Dans un sens, ça marche… à défaut d’être suffisant.
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le 28 août 2016
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