Christopher Nolan est un réalisateur que l'on a plus besoin de présenter. On le connait internationalement juste de nom grâce à des films qui ont marqué comme Memento, Inception, la trilogie Dark Knight et j'en passe. De nombreux films qui se classent parmi les chefs d'oeuvres. Interstellar, écrit par son frère Jonathan Nolan et l'astrophysicien Kip S.Thorne, qui a travaillé avec Stephen Hawking, devait être initialement réaliser par Steven Spielberg qui mît le projet de côté par un planning bien trop chargé. Chris Nolan a donc prit la relève, réécrivant le scénario à sa manière. Le mystère du film fut conservé jusqu'à la fin, même si l'on aura eu droit à des bandes annonces titanesques faisant saliver tous les fans de Nolan (et j'en fais partie !) ainsi que les mordus de science-fiction. On en a vu bien moins que ce que l'on pense. Beaucoup, littéralement subjugués par les images crient au 2001 : l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, qualifiant de Christopher Nolan comme étant le nouveau Stanley Kubrick. La longue attente s'achève, le film est enfin vu, quant n'est-il vraiment ? Christopher Nolan est-il réellement le nouveau Stanley Kubrick ? Verdict …

Interstellar retrace le voyage de Cooper (Matthew McConaughey), agriculteur, ancien ingénieur/pilote et surtout, père de deux enfants qui part en mission dans l'espace, à la découverte de nouvelles galaxies et planètes habitables où l'espèce humaine pourrait y survivre alors que celle-ci meure doucement mais surement sur Terre. La première partie du film se révèle classique, illustrant chaque personnage et surtout, la situation dans laquelle vivent des millions, voire des milliards d'êtres humains censés être condamnés à mourir sur Terre. Dès lors, on est séduit par l'amour fort et sincère qui unit Cooper et sa fille Murph. Deux personnages qui se complètent, qui ont du mal à vivre séparément. Un lien fort et unique qui les unira, malgré l'espace qui se creusera entre eux deux. Le film prend, bien évidemment toute son ampleur et sa magnificence lorsque nos explorateurs partent à la découverte d'une nouvelle galaxie. On se laisse alors bercer par ces images d'une beauté folle avec des panoramiques magnifiques et des plans à couper le souffle. On perd tous nos repères spatiaux, telles des rotations du vaisseau où est fixé la caméra, faisant non seulement défiler le vaisseau mais ce qui l'entoure procédant à une sensation d'une montagne russe. On se laisse alors guider par Endurance et son équipe vers l'inconnu, où la parfaite partition de Zimmer laisse suggérer le mystère le plus total, qui est le vide, puis l'inconnu nous berçant parmi les étoiles. On se laisse emporter dans ce périple tout aussi effrayant que passionnant, de part le voyage dans ce trou de vers qui se montre absolument hallucinant, et complètement vertigineux, écrasant le spectateur dans son fauteuil, hypnotisé par ce spectacle jamais vu mais aussi par la découverte de planètes inconnues, comme avec cette planète d'eau et cette énorme vague fonçant droit sur eux, submergeant le spectateur dans un moment de stupéfaction. Interstellar est une expérience en lui-même, le film est le plus souvent filmé à taille humaine, faisant grandir tous les éléments alentours, nous donnant une place minuscule dans ces espaces sans fins.
Ce qui me plaît avec Interstellar, c'est que Christopher Nolan arrive à nous faire vivre de grands moments de cinéma, où en tant que spectateur on se sent au cœur de l'action en ressentant différentes sensations qui peuvent parfois nous mettre mal à l'aise, nous renversés, nous mettre sous tension tout en restant le plus spectaculaire possible, en essayant de maintenir l'aspect époustouflant que possède indéniablement le film. Nolan réussit avec habilité à mêler un côté sentimental dans cette odyssée spatiale. Choix judicieux de prendre Matthew, qui correspond à la perfection à ce pur texan qui avait fait ses preuves dans Mud, nous séduisant complètement. Un acteur comme Matthew McConaughey réussi à faire passer certaines émotions qui nous touchent, comme des acteurs comme Christian Bale ( personnage froid et mystérieux dans les Batman) ou encore Leonardo DiCaprio ( homme déboussolé ne vivant que dans le passé) ne pourraient pas faire passer ici. On passe alors d'un moment de pur spectacle hallucinant et littéralement vertigineux à un moment mélancolique qui peut nous faire couler quelques larmes.
J'aime également retrouver chez Nolan, et dans chacun de ses films, ce cinéma artisanal, où il utilise de la pellicule, et où il néglige au maximum les effets spéciaux en numérique par ordinateur, comme il a pu le faire avec The Dark Knight. On a l'impression de retrouver ce cinéma contemporain que l'on voyait il y a 20, 30 ou 40 ans, où les producteurs et réalisateurs n'avaient pas peur de mettre des sommes d'argents importantes (180 millions de dollars ici!) pour des projets comme celui ci; un projet ambitieux et étudié au maximum. C'est un peu ce que je vois dans ce film, une œuvre fait entièrement à la main, du pur cinéma authentique qui essaye de marquer son temps pour durer, réussissant à se mettre en dehors des productions hollywoodiennes industrielles décérébrées. Interstellar est un blockbuster intimiste et puissant, qui réussit à se concentrer sur ses personnages pour mettre le spectateur en relation avec eux.

Interstellar est une œuvre totalement réussie, singulière, qui va marquer son temps pendant un long moment. C'est une expérience à part entière, où les larmes se manifeste, mais surtout, une expérience où l'on est complètement subjugué par la puissance de ce voyage. Des images vertigineuses et hallucinantes saisissantes pendant 2H50 avec un climax d'une ambition démesurée et absolument spectaculaire. Mêlant lyrisme et mélancolie dans son approche du sujet, le film trouve toute sa force dans le fond où les nombreux thèmes abordés méritent une large réflexion sur la condition humaine et surtout, notre place dans l'univers. Interstellar doit être vu dans des conditions optimales pour être vécu au maximum, j'ai eu la chance de le voir à deux reprises, en 35mm la première fois puis en 70mm, et la claque était là, encore plus forte la deuxième fois. Christopher Nolan arrive au sommet de son art et signe ici le film le plus atypique de sa carrière, un film qui se détache complètement de ce qu'il a pu faire auparavant même si l'on retrouve quelques éléments. Un chef d'oeuvre de science-fiction qui frôle parfois l'essai expérimental, apportant une large réflexion et de nombreux enjeux sur un futur possible de notre humanité. Interstellar est un film passionnant qui nous laisse fantasmer sur l'infini des possibilités de l'univers et toutes les portes que celui-ci peut ouvrir. Christopher Nolan n'est pas devenu Stanley Kubrick, car Kubrick est unique, tout comme Nolan est unique. Il a atteint le statut de Stanley Kubrick, tout en restant Christopher Nolan.

Vous mettrez du temps à reposer les pieds sur Terre.

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le 2 nov. 2014

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