Interstellar, toujours que des miettes concernant l'intelligibilité de certaines séquences du film

Nota bene à l'intention de ceux qui n'ont pas vu le film, "ça balance dur" comme ça vous êtes prévenus. Plusieurs années ont passé depuis la première projection d'Interstellar et toujours que des miettes concernant l'intelligibilité de certaines séquences du film, en l'occurrence le passage de Cooper dans le trou noir, celle qui fait polémique. De ce fait, et après avoir revisionné et revisionné le film, j'ai décidé de m'atteler à cette tâche risquée en quête d'une explication scientifiquement intelligible, en même temps, ce n'est pas la vérité ultime de l'Univers donc des excentricités sont permises. Donc dans cette critique, je m'adresse aux passionnés de hard science-fiction, ceux qui n'ont pas envie d'entendre que Nolan est le meilleur ou que l'actrice "machin" n'est pas la meilleure dans le rôle ... ou encore que les effets spéciaux ... stop ! Ça s’est déjà largement acté dans les règles de l'art sur "SensCritique" avec de nombreuses bonnes critiques.


Donc, vous l'avez compris on s'attaque directement au gros morceau, le passage dans le trou noir ou l'histoire de l'hypercube (tesseract), pour le reste c'est "simplissime" et conventionnel en science-fiction. Bonjour à toi, l'impitoyable passionné de hard science-fiction, à présent que nous sommes en intimité, je vais pouvoir déblatérer. Quand je m'adresse à des collègues qui ont quelques briquettes de connaissances en physique théorique et que je leurs poses la question qui fâche, genre "as-tu compris le film Interstellar", les réponses sont toujours un peu les mêmes, oui ! les trous noirs, les trous de ver, la gravité ... je connais! et même parfois, ils me sortent une feuille de papier qu'ils plient à 180 degrés, puis un stylo, soit le kit du débutant en voyage galactique ou comment plier l'Univers par le Saint-Esprit, la suite vous la connaissez, elle est même visualisable dans le film Interstellar. En principe, j'arrive à stopper la perforation de la feuille de papier irresponsable avant l'instant irréversible, histoire d'économiser les ressources planétaires, c'est mon petit côté écolo qui pontifére. Alors face à l'érudition, j'enchaîne poliment en explicitant ma question, oui je me doute, mais mon questionnement porte sur le passage de Cooper dans le trou noir, je te l'a fait court en quelques mots explicites, spaghettification (ou effet de nouille), hypercube, singularité, cinquième dimension ou encore les aller et retour dans continuum de l'espace-temps. À ce stade de nos échanges, j'observe un phénomène vieux de quatre millions d'années dirait probablement Darwin, l'hominoïde au pouce préhenseur en face de moi se gratte fortement la tête et accouche d'un double ouais.


Tu penses peut-être toi qui me lis, pourquoi chercher une explication sur le passage le plus zapper de la décennie en science-fiction concernant l'entendement du trou noir, en fait, pour l'enflammé comme toi de hard science-fiction, si on t'explique que le grand Nolan réalisateur du film Interstellar c'est reposé sur Kip Thorne le physicien number one des trous noirs, mais surtout spécialiste des questions qui fâchent en physique théorique dans le domaine cosmologie, en plus, si tu as lu son livre de presque 700 pages "Trous noirs et distorsions du temps" alors tu es en droit de te poser la question de l'entendement concernant la traversé de Cooper dans le trou noir. Sachant que la singularité du trou noir ce n'est pas magique, fantasmagorique, ce n'est pas non plus une action thaumaturgique d'une divinité qui habite le pneumodium en question.


Si ce n'est pas fantastique, c'est quoi alors ? Je vois seulement deux réponses potentiellement possibles, Kip avait fumé la moquette le jour où il a conseillé Nolan sur le fil conducteur du film. Deuxième hypothèse plus rationnelle, plus scientifique, Kip Thorne a élaboré des théories en fonction de concepts emboîtés les uns dans les autres empruntés à la relativité générale. Sachant que dans cette histoire on parle du trou noir Gargantua où il est question de pulvériser Cooper l'acteur principal et bien sympathique dans la cinquième dimension. Finalement, le spectateur avide de hard science-fiction sera forcément happé par l'unique question, qu’est-ce qui c'est passé dans le trou noir avec Cooper ? Pour qu'une réponse soit acceptable dans ce type de film genre HSF, elle devra répondre à certains critères que je n'ai pas loisir de détailler ici, néanmoins, il est possible de fournir un exemple éloquent avec les trous de ver. Dans la bonne littérature hard science-fiction, les auteurs utilisent souvent le concept de trou de ver, pourtant cet objet est purement chimérique en première instance, on n'a jamais observé de trou de ver ! Néanmoins, le trou de ver comme le trou noir sont élaborés mathématiquement depuis les équations d'Einstein de la relativité générale que l'on a savamment triturée, la différence réside dans le fait que pour le trou noir, il existe des preuves indirectes de son existence, pour le trou de ver on n'a pour l'instant aucun élément attestant de sa réalité.


En résumé, avec l'exemple du trou de ver on comprend mieux comment la hard science-fiction se démarque du fantastique, pour le fantastique la seule limite c'est l'imagination, pour la hard science-fiction, elle doit se construire sur des concepts scientifiquement hypothétiques ou mathématiquement conjecturaux (le cas du trou de ver) ou situation du présent extrapolable vers le futur. Dans cette définition, on admet que ces concepts n'ont pas besoin de coller forcément à la réalité présente, tout comme le trou de ver, je sens que je me répète.
Alors le film Interstellar, fantastique ou scientifique ?


Pour ceux qui veulent poursuivre, j'ai réalisé une vidéo sur la plate forme YouTube concernant la question Cooper dans le trou noir. Elle est visualisable sur la chaîne gcopin avec le lien : https://youtu.be/4677UwdHpvs

gerardcopin
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le 6 déc. 2021

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