une critique 100% sans Kubrick
Dés les premières images, entre aperçue sur Internet, on nous vendait Interstellar comme un film ambitieux.
Peut être le plus ambitieux de la filmographie de Nolan.
Et à la fin du visionnage , on ne peut pas lui enlever cela.
Le film se veut grandiose et par beaucoup d'aspect , il l'est.
Le grain de l'image, les couleurs un peu désaturées et certains plans nous rappellent un certain classique du cinéma SF qu'on a bien trop cité dans n'importe quelle critiques d'Interstellar.
Le casting est judicieux et assez performant.
Matthew McConaughey, le premier d'entre tous, prouve une nouvelle fois qu'il en impose dans ce rôle de père qui fait partie de la mauvaise génération et qui ne rêve que des étoiles, alors que son monde est au bord du précipice.
Il est tellement bon qu'Anne Hathaway peut paraître fade face à lui alors qu'elle aussi s'en sort assez bien au final.
Non, celle qui m'a le plus bluffé, c'est Mackenzie Foy qui a la charge d'incarné la jeune Murphy, un personnage attachant au possible. Elle est brillante de justesse et symbolise à merveille le travail fait sur les personnages et les relations qui les lient les uns aux autres ( y aurait beaucoup à dire sur son fils et le fait qu'il n'entretient pas les mêmes rapports avec son père par exemple, lui étant un homme de la terre alors que le père et la fille sont plus attirés par le ciel )
Je n'en dirais pas plus sur le casting, certains acteurs de renoms jouant des rôles secondaires assez bien vu avec en prime un acteur bonus qui prouve qu'on peut encore cacher quelque chose à son spectateur quand on s'en donne la peine.
Précision importante : j'adore le cinéma de Nolan.
Et cela depuis Memento.
Son univers ultra cartésien devrait gonflé un gars comme moi qui adore les univers débridés alors qu'au contraire, il me fascine.
C'est un homme de concept et lui ( et son frère, il ne faudrait pas l'oublier ) les assume de bout en bout , de films en films.
On peut les détester pour ça , moi je les aime pour ça.
J'en arrive même à lui pardonner ses petites errements sur Dark Knight Rises, c’est vous dire.
Autre point, je n'aime pas le film que tout le monde s'amuse à citer en parlant d'Interstellar.
Jetez moi des pierres si vous voulez.
Pour moi, le roman d'Arthur C. Clarke est tellement immense que son homologue filmé ( qui n'est pas une adaptation , je sais, mais juste une vision différente) me paraît bien insipide et ennuyeux à côté.
Et c'est peut être une des choses qui me gêne dans le Interstellar de Nolan.
Au final, si tout le monde cite le film dont vous ne lirez pas le nom dans cette critique, c'est qu'il y a bien une raison.
Comme je le disais plus haut , une bonne partie de la réalisation y fait écho mais pas que.
La musique d'Hans Zimmer y puise aussi une inspiration certaine , ce qui nous épargne les grosses caisses pour des mélodies plus harmonieuses même envoûtantes par moment.
Seul problème , on pourrait reprocher au film de Nolan de ne rester que dans l'hommage permanent même si ça serait en limité son propos.
Mais c'était le risque et il n'y échappe pas vraiment pour moi (à mettre donc dans le fait que je n'éprouve pas les mêmes admirations de Nolan)
A côté de ça, le film est riche.
Bien plus (trop ?) simple qu'un Inception ou autre Memento, il se suit sans réel heurs.
On pourrait y voire une leçon pour l'Homme , victime de lui même et si le film peut paraître pessimisme sur notre condition , c'est pour mieux se retourner vers la fin (mais je reparlerais de cette fin plus bas)
De même , on va en faire beaucoup sur le twist du film qui se devine assez rapidement (après , j'y ai été avec un pote qui n'a rien vu venir mais bref , je pense que pour les habitués de cinéma qui côtoient SC , ça va sembler évident).
C'est non seulement un classique du cinéma mais de ma Sf en général.
Du coup, il n'est pas surprenant sur le fond mais plus intéressant sur la forme ( comment on arrive à lier tout ça ).
ça ne m'a pas vraiment gâché le film car pour moi, il y a un autre twist bien plus intéressant.
Celui amené par la révélation du personnage de Michael Caine qui non seulement peut paraître surprenant quand on voit les rôles que joue habituellement Caine chez Nolan mais qui en plus entonne une des vérités des films :
Spoiler
Le salut n'est pas dans l'espace
Spoiler
Et surtout, il renforce l'une des grandes thématiques du film qui est la filiation.
On oublie un peu vite que tout comme le personnage de Mc Connaughey , Caine joue aussi un père.
Un père prêt à tout pour sauver sa fille.
Parti de là , je suis obligé de succomber et c'est dans ces moments où Nolan est le plus fort (même si paradoxalement, il est aussi à l'origine d'un de ses plus gros ratage)
Alors , bien sûr, il ne faudrait pas oublier l'immersion dans l'espace, parfaitement rendu mais dans le genre, on avait déjà eu Gravity et donc , on commence presque à s'habituer à cela au cinéma (même si j'ai adoré le moment où il rentre dans le trou noir , au début et à la fin, parfaitement bien rendu)
Là où le bas blesse c'est qu'il se rate complètement sur la fin.
N'y allons pas par quatre chemin, elle est ratée.
Outre le twist attendu mais qui aurait pu se suffire comme conclusion, je ne comprends pas ce qui a poussé le réalisateur à mettre en scène cet épilogue en 2 temps.
Outre qu'il est assez inutile, il est en plus en totale opposition avec l'atmosphère des 3/4 du scénario.
Alors certes , je ne demandais pas un cataclysme mais ce côté optimisme béat m'a un peu désarçonné.
Et puis, y a la deuxième partie de l'épilogue, certes intriguante, mais qui donne l'impression que Nolan se verrait bien partir pour une suite.
Comme si 2h50 n'avait pas été suffisant pour tout raconter alors que pour moi, 2H30 aurait été largement suffisant ( pas qu'on trouve le temps long mais que cette longueur avec cette fin ne se justifie pas en soit)
Au final, je sors d'Interstellar un peu déçu.
Si ma note n'est pas catastrophique et récompense ce qui fonctionne, il ne faudrait pas non plus nier tout ce qui ne va pas.
Un hommage constant qui lui enlève un peu de sa patte ( au final, quelques clins d’œils fonctionnent mieux que tout un film), une ambition pas totalement menée jusqu'au bout sur certains thèmes et une fin qui laisse franchement a désirer.
On pourrait croire que j'ai détesté et pourtant , j'ai passé un bon moment.
J'ai juste l'impression que ce moment aurait pu être grandiose et qu'au final , il a "juste" été bon.