Vu il y a une semaine, j'ai eu un peu de temps pour méditer sur le dernier bébé du père Nolan. Film qui va certaiement diviser, entre des fans qui vont porter aux nues le film, et créer un consensus, et les plus sceptiques, qui vont tenter de calmer l'enthousiasme important en passant pour des rabats joie au passage. Interstellar est de ces films là, qui créent un vrai clivage, on le sait déjà depuis un moment. Depuis le début, en fait.

La Terre n'est plus très hospitalière. Des tempêtes de poussière et les différentes maladies qui affectent les plantes y rendent la vie très difficile. Cooper, un ancien pilote de navettes est choisi pour rejoindre une mission consistant à trouver un nouvelle habitat pour la population humaine.

Sincèrement, si le peu de films que j'ai vus de Nolan me l'avaient rendu sympathique, je n'étais pas spécialement en attente du film jusque récemment. Mais vu ce qu'il promet, une épopée grandiose, viscérale et, pour résumer, le meilleur film de science fiction de la décénnie, il m'était impossible, en amateur de ce genre, d'y rester insensible. Indéniablement, il m'attirait. Mais qu'en est-il, au final?

Le film démarre par une séquence sur Terre, qui est plutôt sympathique à regarder. On y suit la famille de Cooper, composée de sa fille, de son fils et de son beau père. Agriculteurs, ils sont touchés de plein fouet par les conditions de vie de la planète bleue. La mise en scène, de par son côté intimiste, nous fait réellement nous attacher à cette famille. Ce n'est pas une façon de procéder que j'ai spécialement vue dans d'autre films du réalisateur, mais là, c'est exactement ce qu'il fallait. Assez peu de surenchère, et pas vraiment de pathos. On sent que c'est une famille forte, solide, qui, bien qu'obligée de subir, garde la tête haute. Dans bien des films, on aurait eu des scènes larmoyantes mal dosées, mal utilisées. C'est la merde, mais on fait avec.
Le père de famille campé par l'excellent Matthew McConaughey, que j'ai réellement découvert avec ce film, ne nous est pas introduit avec de gros sabots, évidemment on nous donne les éléments pour comprendre qu'il va aller dans l'espace et que c'est pas sorti de nul part, mais on ne nous l'introduit pas brusquement. D'ailleurs le casting est globablement convaincant, que ce soient les deux enfants de Cooper, ou les autres, même si je suis, étonnament, très déçu par Michael Caine.

Mais on va pas resté sur le plancher des vaches bien longtemps hein, et va bien falloir se décider à aller dans le vide intersidéral (interstellaire?). Après une scène de lancement franchement réussie, on y est. Est c'est là que la déception commence. La mise en scène spaciale m'a laissé un sentiment amer. Très focalisée sur les intérieurs, on a assez rarement l'occasion de voir l'immensité de l'espace. Soit les plans sont très courts, soit ils ne sont pas réellement convaincants. On a même droit à des plans "Caméra Sportive" qui font franchement sortir du film (en tous cas, dans mon esprit, c'était "WTF?"). Le film aurait gagné à être beaucoup plus posé dans ces moments, on n'a pas beaucoup de réelles occasions de contempler la beauté du vide. De plus la représentation qui en est faite dans le métrage est loin d'être honteuse. Des éléments importants sont passés en peu de temps alors que d'autres, beaucoup moins utiles, ont droit à plus d'attention. Pauvre trou de vers, tu auras beaucoup fais parler, mais finalement, tu n'es pas vraiment traité, juste abordé.
Les séquences dans la navette ne m'ont pas non plus plus emballées que ça, on a affaire à des personnages assez peu intéressants et plutôt vides, exception faite de Cooper, Brand et, assez ironiquement, des deux robots assistants. On s'en fout jusqu'au bout des autres, vraiment. Si l'on a droit à de bons moments, ce ne sont que quelques fulgurances. Comme la scène des vidéos, assez belle.
Les séquences sur les planètes nous offrent de bons moments de suspense, appuyés par la musique assez bonne de Hans Zimmer, qui a décidé de sortir de ses habitudes en proposant un orgue diablement efficace qui ajoute de l'ampleur au tout. Ce n'est que dans ces moments là que l'on ressent un réel enjeu, ce qui est dommage.

Le film aborde une multitude de sujets scientifico-philosophiques : les trous de ver, les trous noirs, la relativité, la famille, l'amour, la condition de l'humain. Parfois avec succès, mais souvent de manière assez superficielle. La fin se veut une reconstitution de puzzle assez forcée. Oui, on comprend des choses c'est sympa. Mais pourquoi ne pas laisser un peu de mystère, d'interprétation dans le film? Pourquoi toujours prendre le spectateur par la main pour lui dire "Hey, regarde, là c'est ça que tu devais comprendre, astucieux, non?". On ressort du film sans questionnements, sans curiosité particulière puisque toutes nos questions ont trouvé une réponse. Le film est rendu d'une certaine façon oubliable. Il n'est pas mauvais, TRES loin de là, mais ne va pas assez jusqu'au bout, et je ne suis pas rentré dedans. Peut-être ai-je loupé une expérience transcendante, mais le film est passé, très vite certes, en me faisant ni chaud ni froid.

PS : Je n'ai pas encore parlé des influences, mais je me sens un peu obligé. Evidemment le film est inspiré des précédents du genre, notamment 2001. Le film est bourré de clins d'oeils à l'oeuvre de Kubrick. Certains y verront une reprise éhontée d'idées, mais sincèrement, j'ai apprécié ces clins d'oeils, parfois maladroits. Nolan assume totalement ses influences, et ses clins d'oeil, du coup c'est passé comme une lettre à la poste !
Alearch
6
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le 6 nov. 2014

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