L’on ne pourra pas parler ici de déception car nous n’en avions aucune attente, préférant la découverte durant la séance. Il restait malgré tout à Christopher Nolan la rude tâche de nous convaincre après deux films qui commençaient sincèrement à pêcher dans leur manque d’ambition et de réussite. Plaçant son action dans un univers d’anticipation, Interstellar narrera le récit d’une humanité proche de l’extinction, envoyant un ancien pilote chercher une nouvelle planète habitable dans la galaxie. Un postulat simple, prétexte au voyage spatial d’envergure et introduit de fort belle manière. Insistant sur certaines idées, Nolan installe rapidement son sujet sur Terre dans une volonté de promouvoir le rêve, l’aventure. La Terre est peuplée d’événements incongrus et face à la situation particulièrement pessimiste, il est de bon ton de rêver un peu. Une très bonne idée de la part du réalisateur nous invitant au voyage, et surtout, lui permettant de lancer quelques piques envers une industrie qui ne fait plus rêver depuis longtemps. Malheureusement l’ambition s’arrête ici.

Accident industriel majeur, Interstellar souffre sans équivoque de son ambition comme de l’incapacité de son réalisateur à en tenir les rênes. On sait Nolan friant d’une approche réaliste de son sujet, mais c’est justement cette attitude qui reste le défaut majeur du long-métrage. Très terre à terre, le film n’arrive à provoquer qu’à de très courts instants une sensation de liberté, de découverte. Il faut voir l’incapacité de Nolan à filmer correctement l’espace, la caméra étant sans cesse fixée au vaisseau ou encore son manque d’imagination dans les décors proposés, n’étant tout bonnement que des planètes (aquatique, glaciale ou désertique) qui ne manqueront jamais de nous rappeler à notre Terre déjà connue. Car si le parti-pris de faire ici un film scientifique et au plus proche du réel (les trous noir en sont les exemples évidents) est tout a fait acceptable, il convient de remarquer que les deux frères sont encore tombés dans le piège du film bavard et sur-explicatif. Un comble dans un film censé nous offrir des images oniriques et purement abstraites, qui aurait pu par ailleurs nous faire réfléchir sur notre condition de surhomme.

Perdu dans ses thèmes, si nombreux qu’il conviendrait d’en faire une liste, Nolan perd le fil. Sommes-nous ici dans un film au sujet de l’humain et de ses capacités à briser les frontières, ou bien sommes-nous dans un film dont la simple volonté est de faire pleurer la plèbe ? Enfermé dans ses émotions, autant que son dialogue scientifique le coupe d’un public, Interstellar est un univers dans lequel les personnages ressentent plus que le spectateur et où la volonté d’appuyer sur la dramaturgie est telle qu’elle en devient indigeste. Dans l’omniprésence du score composé par Hans Zimmer comme dans ses scènes gratuites et héroïques, Interstellar n’est qu’un film aux objectifs des plus mineurs qui nous écrase dans sa dimension de film épique. Trop long, le film ne parvient jamais à réussir ce qu’il entreprend, voulant à la fois proposer un divertissement populaire, un film de science-fiction pur et dur et des références marquées à ses ancêtres. Le film de Christopher Nolan cristallise malheureusement tout ce qu’Hollywood peut nous faire de pire en ce moment, pensant que le spectateur qui paie sa place dix euros se doit d’avoir un divertissement épique et grandiloquent, quand il ne fait finalement que cacher la vacuité de son ambition. A la fois le meilleur comme le pire du réalisateur (montage boursouflé, twist usé), Interstellar restera dans le cinéma des années 2000 comme l’un des plus gros pétard mouillé qui soit.

Par Florian - Note Finale : 2,5/10
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le 2 nov. 2014

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