Interstellar : on y croit ou pas... Moi j'y ai cru.
Le cinéma nous donne à voir de la fiction et en voilà la preuve. Je vois déjà arriver les premiers détracteurs qui passent leur temps durant un film à épier les incompréhensions, l'improbable et l'illogique. A ce demander pourquoi viennent-ils au cinéma si ce n'est pas pour profiter...
Interstellar est typiquement mon genre de film parce que je ne suis pas un cérébral cinéphile. Chacun à sa manière de regarder un film :
- On peut préparer son visionnage en se renseignant sur la réalisation, sur les propos des acteurs ou des réalisateurs
- On peut aussi lire les critiques, les avis d'inconnus sur internet ou dans des magazines spécialisées
- On peut juste choisir de voir un film en fan absolu de l'acteur principal ou du réalisateur (un peu moins pour le directeur de la photographie et c'est bien dommage...)
- On peut aussi se laisser porter par une jolie affiche ou bien par l'horaire idéal du film qui nous permet d'attendre un ami ou bien son train qui arrive dans 2h (en l’occurrence, prévoir un délais de 3h pour ce film).
Autant de circonstances qui nous feront apprécier le film différemment. Personnellement (car je suis adepte de la critique personnelle et non pas de la critique savante qui nous explique comment lire le film), Je m'informe très peu sur la conception du film pour une raison très simple, c'est que je n'y connais rien en technique cinématographie.
Je n'arrive pas à me détacher d'un regard quelque peu naïf qui n'accorde pas une grande importance à la conception du film, à ce qu'a voulu nous montrer le réalisateur et aux petites incohérences. Et c'est pour cela qu'Interstellar m'a véritablement transporté. Je n'y ai trouvé que des intérêts malgré effectivement quelques éléments un peu légers.
Tout d'abord au niveau du son, c'est assez nouveau à mon avis cette utilisation du silence spatial (que l'on retrouve aussi dans Gravity). Et cela est toujours assez impressionnant d'autant plus qu'il vient après le décollage qui est un moment saturé de sons de combustion et de mécanique. Il y a aussi le moment où notre héros (Cooper) étouffe dans son casque qui a la visière fêlée. On l'entend demander de l'aide étouffant à travers un micro que ces coéquipiers entendent dans leurs casques. Cela est déjà moins rare mais ça a toujours son effet.
Je souhaite aussi parler de la bande originale que j'ai adoré. Cette air musical qui revient régulièrement et qui convient à la fois pour des moments oppressants et inquiétants mais aussi pour des scènes grandioses et mystiques. Cette musique est emprunte de gravité et d'inquiétude mais aussi de mélancolie et de beauté.
J'ai trouvé la vision future du monde terrestre très intéressante. C'est un monde où l'avancée technologique est cachée et abandonnée (le film fait d'ailleurs référence à l'instrumentalisation de l'histoire par le pouvoir en place avec l'exemple du premier homme à avoir marché sur la Lune qui aurait été une supercherie des USA pour obliger l'URSS à se ruiner dans la course à l'espace) car les dépenses faites dans ce domaine ne sont plus justifiables face à une logique de survie où l'on met l'accent sur l'agriculture pour nourrir la population. On ne se soucie plus que de se protéger des tempêtes de poussières et de produire suffisamment de maïs pour alimenter la population. On cherche des cultivateurs et plus des ingénieurs. La base de toute la nourriture est donc devenue le maïs. Il n'y a plus de viande ni aucunes autres céréales car elle ne survivent plus.
Le vaisseau Cooper à la fin du film est aussi assez surprenant même si c'est exactement le même principe et décor décrit dans le roman "le papillon des étoiles" de Bernard Werber.
J’apprécie et je me délecte même de regarder ou de lire les effets des théories scientifiques (surtout physiques et astronomiques) dans les œuvres de science fiction. Et c'est peut-être cela que j'ai préféré dans le film de Nolan, c'est la mise en image de théories scientifiques et d'univers pensés par des chercheurs mais qui sont toujours inconnus. Je crois que la plus grande émotion que j'ai ressenti durant le film m'a traversé au moment où Cooper et la fille du professeur Brand reviennent de la première planète visitée et se rendent compte qu'il s'est écoulé 25 années "terrestres". Cela m'a véritablement chamboulé ! En plus de cela, je ne suis pas resté insensible à la matérialisation et à la vision que nous donne à voir Nolan de ce qu'il se passe à l'intérieur d'un trou noir. C'est, je le sais, le but du travail de beaucoup de chercheurs en astronomie. Il y a aussi cette idée du trou de ver (déformant le temps et l'espace) qui est passionnante et extraordinaire alors d'en voir une représentation presque sensible au cinéma m'a beaucoup plu.
J'aime ce cinéma qui puise son imagination dans des théories encore naissantes et sur l'inconnues mais extrêmement sérieuses. Alors les incohérences je les laisse de côté le temps du film pour profiter pleinement du voyage. Ce n'est pas un documentaire sur des théories astronomique que je suis venu voir mais un film de fiction qui me fait ressentir des émotions et auquel je peux croire (et je l'ai cru).
Enfin, je trouve ce film d'autant plus génial qu'il m'a fait penser à trois grands films que j'ai adoré :
- "Gravity" pour son côté spectaculaire et divertissant. C'est pour cela que même les moments un peu plus légers et stéréotypés vers la fin sont appréciables. Le personnages du héros qui ne peut s'empêcher de repartir à l'aventure mais aussi du héros qui se repenti pour avoir quitté ces proches au chevet de sa fille mourante est en effet pas très original mais il fait parti du spectacle et du genre à mon avis. J'ai aimé le retrouver.
- "The Tree Of Life" dans toute les figures métaphoriques qu'il nous propose sur l'évolution et le sort de l'humanité. Terrence Malick est pour moi le roi incontesté de ce style de film. J'aime ces films très contemplatifs. J'ai retrouvé cela dans Interstellar.
- "2001, a space odyssey", le grand classique qu'on aime ou qu'on aime pas, d'abord en reprenant le robot omniscient qui commande le vaisseau mais cette fois en plus sympathique et c'est aussi appréciable. Mais c'est surtout dans la scène à l'intérieur du trou noir que j'ai tout de suite vu les références à la fin du film de Kubrick (je laisse les spectateurs se faire leur propre idée s'il l'on déjà vu ou bien le voir pour se faire leur propre idée !). Et puis on retrouve aussi dans les deux films le même mensonge fait à l'équipage interstellaire sur le véritable but de leur mission. Je ne vais pas spoiler.
C'est mon style de film. La magie marche avec moi et je plains ceux sur qui elle n'a pas marché car les 3h ont du leur paraitre très longues !