Nolan, tu m'as perdu en route...
C'était certainement les 2h20 de cinéma les plus courtes de ma vie. Tout était cohérent, presque parfait.
Oui mais voilà, ce film dure 2h49. Pas besoin de résoudre d'équation aussi complexe que celle présente dans Interstellar pour comprendre que la grosse vingtaine de minutes qui a clôturé le film m'a été d'une toute autre saveur. Mais avant cela, revenons sur les points forts de ce film.
D'abord, l'atmosphère pré-apocalyptique du début du film est vraiment très, très bien rendue. L'intrigue se dessine donc très clairement: Il s'agit de trouver une nouvelle planète pour accueillir l'humanité, la vie sur Terre n'était plus viable. Si certains points me semblent traités avec facilité, connaissant le bonhomme aux manettes, mieux vaut rester méfiant. A ce niveau là, pas grand chose à dire de plus, Nolan nous envoie dans l'espace via une magnifique ellipse, qui reste pour moi l'un des grands moments du film. Jusque là, tout est parfait.
Au cours du voyage interstellaire, on s'en prend plein la vue à chaque plan sur l'extérieur du vaisseau. Problème, ils sont très, trop rares à mon goût. Du coup, on vit la majeure partie du voyage de l'intérieur, et pour le coup, le film en perd en qualité et en intensité. Dialogues un peu longs, atmosphère lourde, personnages irritants, notamment celui confié à Anne Hathaway, niaise au possible. J'ai eu du mal avec ce personnage, mais après tout, le cinéma est sensé provoquer des émotions chez le spectateur, et l'irritation en est une, donc pourquoi pas.
La question du temps est vraiment la force du film, l'une des clé même. Le temps agit donc comme une contrainte, mais si vous avez vu le film, pas besoin de vous l'expliquer davantage, mais cette notion est passionnante, alors on se tait, on écoute, on imagine...
Cette question du temps nous conduit notamment à la scène la plus touchante du film, au moment du visionnage des vidéos envoyées par les proches de l'équipage, où (le grandiose) McConaughey fond en larme en voyant ses enfants grandir sans lui, loin de lui, et à travers quelques secondes de vidéo.
Bref, dans cette critique je ne voulais pas m'attarder sur le cheminement du film, donc je vais passer rapidement le reste, certains ont été déçu du passage sur la planète du docteur Mann, moi je l'ai trouvé touchant, humain dans son pétage de plomb.
Pour clôturer cette critique complètement déstructurée (une critique structurée sur un film pareil m'aurait sûrement pris la soirée) je vais aborder la fin, qui m'a profondément déçu.
SPOILER:
Donc, projetons nous à la fameuse scène de la bibliothèque. On comprend qu'on entre dans une zone en 5 dimension, la 5ème étant le temps. Donc une zone où, quand on bouge dans l'espace, on bouge aussi dans le temps. Jusque là j'ai bon?
Oui ben en fait, c'est à cet instant là que j'ai décroché du film. Désolé, mais c'est trop pour moi. Cette scène, dans l'instant, je l'avais compris comme une scène de mort, plusieurs signaux allant dans ce sens: lumière blanche, mais aussi et surtout, la LOGIQUE. Mais apparemment ma logique a fait défaut à ce moment du film, alors avec attention, je regarde où Nolan veut m'emmener.
Donc, en gros, résumons ce qu'une personne sensée doit comprendre: Le type communique avec sa fille dans un passé où il est présent pour lui livrer des coordonnées, des informations, et indirectement pour sauver sa peau. Le mec est à des années lumière de la terre et il pousse à distance des bouquins dans la chambre de sa fille, et en plus, ça se réalise dans le passé, son passé? Ensuite, il se fait sauver alors qu'il est seul dans son scaphandre, au milieu d'un univers au combien gigantesque, il rentre sur terre, check sa fille en 10 secondes alors qu'il ne l'a pas vu depuis presque 100 ans, oublie complètement qu'il a un fils, et se casse instantanément rejoindre Hathaway sur sa planète, avec pour traverser un trou de verre un vaisseau du gabarit d'une Clio 2?
Je suis peut être un con, un incrédule, mais c'était vraiment trop pour moi. Ce film avait de l'ambition, peut être un peu trop, et il s'est perdu dans sa trame. Ou peut être que c'est moi qui me suis perdu...