Interstellar est un film prétentieux et laid qui manque d'imagination. Cf. les décors aseptisés et extrêmement décevants étant donnée la liberté totale qu'il y aurait à inventer un monde extra-terrestre, sans parler des effets numériques mis à disposition. L'omniprésence de la musique, hyper-dramatique, fait perdre le sentiment même de musique. La fin cousue de fil blanc gâche toutes les justifications scientifiques arrogantes précédentes. Elle n'a rien de complexe et aboutit évidemment au happy-end conservateur et conformiste habituel. Ne parlons pas de la mise en scène. Nolan ne sait pas de quoi il parle et ne tente à aucun moment d'adapter la forme au fond. Les discours conventionnels sur la relativité n'aboutissent qu'à un twist final bon marché.
La technique du fold-in de William S. Burroughs, il y a des décennies, réalisait déjà des distorsions spatio-temporelles qui faisaient imploser la littérature tout en mettant à jour les découvertes scientifiques révolutionnaires récentes. Antony Balch avait adapté littéralement les cut-ups (mis au point avec Brion Gysin) au cinéma. Ceci n'est qu'un exemple mettant en perspective le retard affolant d'Hollywood.
La seule scène assez stimulante est celle du départ de Matthew McConaughey qui parvient à capter une certaine précocité : ce dernier ayant à peine quitté son domicile que le vrombissement du décollage de la fusée et son décomptage (et les pompes de Hans Zimmer) saturent la bande-son. La caméra collée à la portière de la voiture la filme déjà comme sont filmées les fusées. Il s'agit de la première et dernière scène du film qui justifie encore le poste de réalisateur de Christopher Nolan de cette énième oeuvre de propagande (le salut de l'Humanité, c'est-à-dire des Américains, ne viendra bien sûr que part les seuls Américains).