Cette critique servira de support à des discussions endiablées sur la cohérence d'un film (sur quoi il doit être cohérent, sur la réalité, sur l'histoire, sur la science, sur les valeurs, sur les rêves, sur les émotions, sur la morale, ou bien sur un ensemble de tout cela qui finalement ne dépend que de ce que laisse transmettre le réalisateur ou de ce que préfère comprendre le téléspectateur). Car être trop cohérent tue la notion de cinéma, être trop exigeant tue la notion de surprise. Et déjà on voit qu'Interstellar est quand même un minimum cohérent (par rapport aux hypothèses déjà faites), mais que pour cela il a besoin de presque 3 heures sous peine de se brûler les ailes en allant trop vite dans son intrigue. Pari réussi pour Nolan qui transcende le spectateur en même temps qu'il transcende les acteurs, car oui les émotions sont intenses, à petites touches, sans surenchère, mais à chaque fois bien amenées, coulant de source, et dépourvues de trop de manichéisme ou autre influence populaire ou culturelle, et qui vous feront peut être verser une petite larme tellement c'est beau de voir la force des relations humaines et familiales. J'avais déjà un fort capital sympathie pour McConaughey (La Défense Lincoln, Killer Joe, Mud) qui se confirme ici (un certain autre acteur célèbre, à la limite du caméo, jouant le rôle de son faire-valoir). Et même si on pourra toujours discuter de la cohérence spatio-temporelle, cet élément du récit, qu'il soit manipulé avec cohérence ou pas, sert ici superbement les climax et cliffhangers du film, au point de rendre toute la première partie du film (longue pour certains) tellement nécessaire pour sublimer avec délice la seconde moitié du film.
C'est suffisamment rare pour le signaler, je suis sorti de la salle avec l'envie d'y retourner direct pour la séance suivante...
A tiède, cela me parait quand même être le meilleur film de Nolan, meilleur que Dark Knight, meilleur qu'Inception, et pas de Marion Cotillard pour afadir le spectacle (pique inside), pas de film concept (memento, inception), pas de super-héros pour porter le film (trilogie batman), pas de trick de fin trop facile non plus (toupie inceptionnesque) même si la fin d'Interstellar est loin d'être fermée pour autant mais surtout parce que le film tout entier possédait suffisamment de climax et d'émotion savamment dosés et positionnés et que d'en rajouter un à la fin aurait achevé de tuer le spectateur de tant de plaisir cinématographique non confessé.