Si Monsieur Spock rencontrait Joseph Cooper (Matthew McConaughey), il lui dirait longue vie et prospérité, et Joseph lui répondrait un peu de maïs avec ça ? Vous ne voyez pas le rapport ? Eh bien moi non plus mais ce qui est sûr c’est que l’humanité n’en a plus pour longtemps, et les oreilles pointues ne sont pas là pour nous sauver la mise (contrairement à la version de Spielberg qui prévoyait l’intervention d’E.T, voir le sympathique article d’écran large). En revanche, elle a un bon pilote de la NASA sous le coude. Malheureusement, il s’est reconverti en fermier spécialisé dans le maïs malgré lui, mais bon pas sa faute, plus rien ne pousse sur Terre à part ça. Alors, lorsque des phénomènes étranges le mènent une nouvelle fois sur la voie de l’espace, il n’hésite pas et troque son tracteur contre une fusée pour sauver l’humanité.
Ici il n’y a pas de métaphysique à la 2001 : l’odyssée de l’espace, non, on parle de physique et plus précisément de physique quantique avec voyages dans le temps, trou de ver, trou noir. Malgré une inspiration Kubrickienne, le film lorgne plus du côté de la science fiction au « scénario malin », s’appuyant sur les concepts physiques cités précédemment, que d’une grande fresque retraçant l’histoire de l’humanité et son futur. Mais le charme du film réside dans son approche, à l’encontre des grands Blockbusters de notre époque ; Christopher Nolan place les effets spéciaux au second plan pour retrouver un cinéma de terrain avec des décors en milieu naturel, et ça se sent à l’écran ! Il en va de même avec les effets spéciaux en particulier pour les scènes dans l’espace qui ont une patte très old school. Il faut noter que Mr Nolan a tourné en 70 mm IMAX, sachant qu’il est un fervent défenseur de l’argentique (voir l’article de clubic.com).
En revanche, on regrettera une faiblesse des personnages secondaires, qui se retrouvent peu, voir mal utilisés. Les mécanismes dramatiques qu’ils sont censé incarner ne font pas mouche, et donnent au film un aspect en dent de scie, avec des effets de longueur inutile ; je pense notamment au personnage de Tom Cooper (Casey Affleck) qui d’ailleurs disparaît à la fin de l’histoire. Leur interprétation contraste en effet avec la force des personnages principaux. De plus, on trouve quelques incohérences scénaristiques que l’on pourra ignorer, si on ne se focalise pas trop sur la logique, parfois mal utilisée des effets de la physique, qui est tout de même à la base de l’histoire.
Cependant, ce ne sont pas les points les plus faibles. Le scénario, que je qualifiais de malin au début de l’article, ne l’est pas réellement et sa logique basée sur la physique nous donne rapidement les clés du dénouement final. Les fils qui pendent le long du scénario sont bien visibles et malheureusement chacune de leurs actions sont prévisibles ce qui réduit l’effet dramatique de l’intrigue, malgré le fait que chaque événement attendu soit efficace et provoque l’effet voulu.
Peut être plus terre à terre que 2001 : l’odyssée de l’espace, il reste tout de même un grand film de science fiction et une belle histoire de famille. Nous rappelant que le tout numérique n’est peut être pas la solution pour un meilleur cinéma.