Interstellar par Asoliloque
Il était impossible de représenter de manière cohérente le voyage relaté par le film, dans la mesure l'on touchait à des notions physiques par définition non montrables. Aussi, même si Nolan a bossé son sujet, il n'a pas cherché à rendre compte d'une réalité scientifique, mais d'une pure expérience artistique, sensible, car elle-seule pouvait traduire l'irreprésentable.
C'est donc tout le paradoxe du film, sa grande force et sa grande faiblesse, que d'aller aussi loin pour finalement rester à taille humaine, pour finalement nous interroger non pas sur notre place dans l'univers, non pas sur le sens de notre existence, mais sur cette irrépressible peur du temps qui passe, cette peur de perdre ce que nous chérissons.
Tout le film pourrait alors tenir sur cette idée terrible, sublime et tellement triste (et c'est la raison pour laquelle les trous noirs me fascinent autant), de faire se passer une vie sur Terre tandis que le personnage principal n'en éprouve que quelques heures. Il se joue alors quelque chose de totalement métaphorique, bien loin de la science-fiction, ou alors est-ce exactement ça, la science-fiction, la vision métaphorique des peurs actuelles.
Interstellar est trop long, se perd en scènes inutiles, mais parvient à garder ce fil qui tend vers une poésie absolue, comparable à celle suscitée par Sunshine de Danny Boyle. Vers cet instant (magnifié par probablement le plus beau morceau jamais composé par Hans Zimmer, que je ne porte pourtant pas dans mon coeur habituellement) parfait, totalement déconnecté de tout contexte crédible, purement cinématographique, purement émotionnel, justifiant à lui tout seul le déroulement parfois laborieux des événements jusque là.
Interstellar n'est peut-être pas un grand film de science fiction, du moins pour ce qu'on attend généralement de la science fiction, mais c'est un très beau mélodrame, peut-être prétentieux, peut-être un peu tire-larmes, peut-être trop ambitieux pour ce qu'il montre réellement.
Il fallait oser ramener tout ça à de l'amour.
C'était un choix précieux et nécessaire.