"Interstellar n'est pas un documentaire scientifique. C'est une fiction scientifiquement documentée"

Étonnamment, le film ne commet pas beaucoup d'erreurs scientifiques et cela réside dans le fait que la limite entre science et fiction est toujours palpable, comme si le scénario nous prévenait de façon habile: "attention nous passons dans l'imaginaire".


Évidemment, en terme "d'erreurs" nous noterons la présence du trou de ver (Pont Einstein-Rosen) très proche de Saturne...Je doute qu'un objet aussi instable, aussi hypothétique, et aussi puissant, n'ai aucune influence gravitationnelle sur les corps célestes l'entourant, voire même sur les systèmes de corps célestes l'entourant, surtout lors d'une apparition aussi soudaine. De même, cette instabilité rendrait le fait de le traverser, certainement moins fun que ce qu'il en est dans le film...Néanmoins, scientifiquement et hypothétiquement parlant, un trou de ver, c'est ça.
Il en va de même pour le trou noir (Gargantua). Personne n'a jamais pu en observer un, mais d'après les modélisations qui en ont été faites, il se pourrait bien que ce soit très ressemblant. En revanche, si j'étais l'un de nos astronautes, je ne prendrais peut-être pas le risque de m'en approcher autant, et encore moins de tenter une plongée en son sein...Mais, encore une fois la limite entre science et imagination est là, présente !


Il y a toutefois deux éléments qui me semblent difficiles à avaler [ALERTE SPOILER] :



  1. Le plus "scientifique" > Comment Cooper parvient-il à s'extirper du trou noir pour se retrouver aux abords de Saturne ? Sortir d'un trou noir, il faut tout de même une sacré puissance de propulsion !


  2. Le plus Paradoxal > Lorsqu'à la fin, Cooper se retrouve derrière la bibliothèque.
    Pour en arriver là, il lui a fallu partir trouver les locaux de la nasa, les locaux secrets.
    Sauf que, il y a forcément une première fois à cet évènement qui semble être une boucle.
    Et cette première fois, Cooper ne pouvait pas se trouver derrière la bibliothèque pour manipuler la gravité et donner les coordonnées au Cooper qui est dans la chambre avec sa fille. Donc, la première fois, Cooper ne peut pas trouver les locaux secrets de la Nasa, donc toute l'histoire n'a pas pu arriver, fatalement. S'il avait trouver les locaux par lui même sans aide extérieure la première fois, là oui, ça aurait fonctionné. Ici, la boucle est possible à partir du moment où elle est initiée par un évènement singulier, unique, alors que là, cet évènement fait déjà partie de la boucle ! Nous sommes typiquement en présence du "Paradoxe de l'écrivain" ^^



Bon, cela dit, ici, personne n'essaie de nous faire croire en la véracité de ce qu'il peut y avoir au-delà des éléments/évènements scientifiques évoqués. Le message est clair: "imaginons qu'au-delà, il puisse y avoir cela, que ce soit possible". Comme le disait Albert Einstein ? que je ne cite pas au hasard ici, il est tout de même le père de la théorie de la Relativité ? "La logique vous mènera d'un point A à un point B, l'imagination vous mènera absolument partout." C'est ce que font les frères Nolan, ici, ils imaginent, sans prétendre détenir une quelconque vérité.


Ce film est honnête. Interstellar n'est pas un documentaire scientifique, mais une fiction scientifiquement documentée, intelligente, créative et divertissante, et c'est ce que doit être un bon film !


En sortant de ces considérations scientifiques, Interstellar nous offre de belles images, et malgré son aspect blockbuster, cette production sait rester sobre, avec un potentiel émotionnel très efficace, la bande son, plutôt réussie, y participant évidemment fortement. Un élément important à préciser également, nous avons échappé ici, au (trop) classique et irritable baiser de fin des deux personnages principaux, et ça, j'en suis plus que ravi !!! ^^


Enfin, impossible également de passer à côté de clins d'oeil évident à 2001: A Space Odyssey?, dans certains éléments, comme les robots TARS et CASE rappelant le célèbre monolithe, ou même la construction de la narration, la représentation de certains évènements, et bien entendu, l'ambiance musicale dont l'instrumentation est ? certainement volontairement ? très proche de la bande son du film de Kubrick.


En conclusion, de bons éléments scientifiques intelligemment utilisés pour servir la fiction, quelques petits clichés pardonnables, presque nécessaires à un blockbuster de ce type, et une efficacité certaine dans une sobriété et une humilité remarquables. Très intéressant ! ^^

LudoDRodriguez
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le 19 mars 2015

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