Attention, contient des spoilers !
Ca y est, j’ai enfin vu Interstellar. Enfin, subi serait un terme plus approprié puisque le film dure pas moins de deux heures quarante-cinq et qu’on les sent largement passer.
Autant vous le dire tout de suite, je n’ai absolument rien contre Nolan. Je me fiche totalement de qui est le réalisateur ou de qui sont les acteurs qui jouent dans une œuvre, la seule chose qui compte à mes yeux, c’est qu’elle me plaise. A dire vrai, je m’attarde plus souvent à regarder les génériques de fin pour connaître le nom de l’auteur de la bande originale que pour savoir qui est derrière tel plan de caméra ou tel personnage.
Mais là, je dois avouer que j’ai eu beaucoup de mal à ne pas m’endormir avant la fin. Interstellar est en effet doté d’un rythme assez lent ponctué de très belles scènes « fond d’écran » parfois sans même aucun son (on est dans l’espace, donc c’est un tout petit peu normal) et d’interminables dialogues ou monologues qui alourdissent inutilement le déroulement de l’histoire.
En effet, si vous vous attendiez à vivre un film d’action énergique et mou du bulbe, vous allez être déçu. Il y a en réalité très peu de passages où il arrive quelque chose aux héros (nous sommes très loin de Gravity où Bullock s’en prenait plein la mouille pour pas un rond), la grande majorité du temps étant consacrée à l’occupation de l’espace sonore par les répliques des acteurs. Et des répliques par toujours très intéressantes, au point qu’il m’est arrivé – sur certaines d’entre elles – de décrocher en cours de route pour me focaliser sur les décors ou sur la musique.
Bon nombre de scènes deviennent alors pénibles à regarder simplement parce qu’il y a toujours un type qui parle en fond (Mann avait-il besoin de baver autant tandis qu’il laisse notre héros se tortiller sur le sol gelé ? Il serait parti sans dire un mot en direction de la navette, ça passait tout aussi bien (en sus d’être plus logique), et on aurait gagné un quart d’heure de rien). D’ailleurs, à laisser libre cours à cette diarrhée verbale, Nolan finit par se prendre les pieds dans le tapis et s’offre quelques pizzas.
Deux exemples flagrants : avant d’arriver sur la planète de Miller, il est déclaré qu’une heure passée dessus équivalait à sept années terrestres. Et pourtant, lorsque les héros passent moins d’une heure là-bas (quarante-trois minutes d’attente ajoutées à la petite balade digestive de dix minutes auparavant), ils perdent au final vingt-trois années de leur vie terrienne. Toujours sur cette même planète, lorsque les deux héros attendent que les moteurs sèchent, ils ne cessent de papoter depuis la fermeture de la porte jusqu’à l’apparition de la seconde vague. L’ordinateur de bord précise bien qu’il faut au minimum quarante-cinq minutes pour que les moteurs soient à nouveau opérationnels. Le dialogue ne fait pas quarante-trois minutes et pourtant, les moteurs sont secs. C’est magique.
En fait, le film part tellement dans toutes les directions qu’il s’auto-fait des croches-pattes. C’est ainsi que nous avons Tom Cooper (le fils du héros) qui appelle son second fils Cooper (en l’honneur de son père sans doute, mais ça donne un résultat complètement aberrant). Ou encore Cooper père qui, se revoyant dans le passé, s’agite comme un dingue à faire tomber des bouquins pour demander à son soi passé de rester sur Terre alors qu’il sait très bien qu’il n’est pas resté… puisque c’est lui-même (et qu’il ne serait pas là à faire tomber des livres d’une étagère s’il était resté. Vous suivez ?).
De fait, non seulement on s’endort sur des dialogues indigestes et sans fin, mais on lève les yeux au ciel devant tant d’inepties et on fronce les sourcils à cause de la musique lancinante (bonjour la gymnastique faciale). Certains affirment avoir retrouvé le Hans Zimmer des bonnes années, j’ai surtout l’impression qu’il était en manque d’inspiration tellement cette B.O. était plate et sans saveur. A l’image de David Guetta (oui, j’ose la comparaison qui pique les yeux), il y a quand même beaucoup de passages où il est resté le doigt bloqué sur une seule touche de son clavier numérique. Bon, si c’était dans un but de rendre l’ambiance encore plus lourde qu’elle ne l’est déjà à la base, c’est réussi : mes paupières se fermaient toutes seules. Mais qui ne colle pas du tout avec le grand final.
Car oui, si la majeure partie du film se veut plutôt pessimiste (y’a plus rien à manger, l’humanité ne peut être sauvée, y’a plus assez d’essence/d’oxygène, etc.), la fin nous offre un moment dans le plus pur style Disney où finalement, tout va bien dans le meilleur des mondes. L’œuvre aurait pourtant gagné à se terminer dans le trou noir : 1/ ça aurait laissé plus de place à l’imagination des spectateurs sur ce qui a pu se passer pour la survivante et les terriens, et 2/ on aurait gagné une bonne grosse demi-heure de niaiserie.
Globalement, ce film a de beaux moments, de belles images, mais il est deux fois trop long, en plus d’être rébarbatif et d’avoir une musique qui fait grincer les dents. Plus court, Nolan se serait moins mélangé les crayons, aurait eu moins de place pour faire parler ses acteurs et le rythme aurait pu être plus enlevé (quoique : Wall-E est un très bon exemple de film spatial, sans dialogue ou presque, à la musique agréable, au rythme relativement tranquille et qui passe comme une lettre à la Poste).
Donc, 6, c’est suffisamment généreux comme ça.