L’HOMMAGE NOSTALGIQUE DE FELLINI AU CINÉMA ITALIEN

Dans Intervista, le réalisateur Federico Fellini entraine le spectateur dans un récit autobiographique dans lequel il relate sa première rencontre avec la fameuse Cinecittà, le Hollywood italien. Tournant une adaptation de L’Amérique de Kafka, Fellini, qui joue son propre rôle, raconte à la télévision japonaise sa première venue dans les studios mythiques alors qu’il n’est qu’un jeune journaliste timide. Grâce à une subtile mise en abyme, il fait l’état des lieux du cinéma italien et aborde avec un œil nostalgique des thèmes souvent retrouvés chez le réalisateur, tels que la jeunesse, les femmes ou encore Rome. Avec une excellente direction d’acteur, il fait même revivre les magnifiques Anita Ekberg et Marcello Mastroianni, mis en scène quelques vingt-sept ans plus tôt dans La Dolce Vita. La musique de Nicola Piovani ainsi que les décors et costumes de Danilo Donati sont à souligner et viennent appuyer le message du réalisateur.

Entre rêve et réalité

Sorti en 1987 et avant-dernier film de Fellini, Intervista (entretien en français), nous plonge dans l’atmosphère caractéristique du réalisateur, toujours égaré entre rêve et réalité. En effet, si la mise en abyme malicieuse nous fait parfois passer de la « réalité » aux scènes de film tournées, on est d’autant plus désorienté lorsque surgissent une tribu d’indiens armés d’antennes de télévision ou un troupeau d’éléphants, sortis de Cinecittà. On a l’impression d’être dans un cirque à ciel ouvert, plein de couleurs et de poésie. Mais cette illustration touchante ne serait pas si efficace si Fellini n’y avait pas ajouté une part d’humour. Mettant en scène le joyeux capharnaüm d’un tournage italien, avec les cris et les discussions superposées, il tourne en dérision le milieu du cinéma et cherche à nous démontrer la magie qui s’y opère. Cependant, Intervista dispose d’une tonalité moins légère qu’il n’y parait, et se veut même être un testament face au changement de l’industrie, où désormais on ne tourne que des publicités dans les studios. La nostalgie est un thème central du film.

Je pourrais relever que certaines scènes ont parfois tendance à s’allonger, faisant retomber l’ambiance créée par le réalisateur, ce dernier se reposant sur ses qualités d’esthète. Cette scène du tramway allant de Rome à Cinecittà à travers la campagne romaine en est l’exemple. Pourtant, on se laisse quand même happer et il est difficile de ne pas apprécier la douceur et la beauté.

Avec Intervista, Federico Fellini nous accorde finalement un entretien sur sa conception du cinéma, éclairé par des évènements de sa vie personnelle. Il rend un hommage à Cinecittà et tous ceux qui y vivent et travaillent, comme un adieu avant que ce cinéma qu’il chérit tant ne disparaisse. Intervista s’inscrit dans la lignée des œuvres de Fellini, un cinéma symbolique, plein de réminiscences. Évoquant une époque révolue et rempli d’anecdotes personnelles, Federico Fellini provoque avec Intervista une émotion rare qui lui vaut bien le surnom de Maestro.

geushu
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le 7 nov. 2022

Critique lue 41 fois

geushu

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