Je n'arrive pas à comprendre qu'à notre époque, il y ait encore des gens qui n'ont pas pas appris à repérer les clichés racistes dans les films dégoulinants de bons sentiments.

Pour couper court à l'argument habituel, je sais que c'est inspiré d'une histoire vraie (comme si on ne pouvait pas coller une idéologie poisseuse à des faits réels. comme dit l'autre: allô?) et je sais que dans la vraie vie, l'homme à tout faire est un arabe. Et alors? Noirs ou Marrons, même combat, même déconfiture, et presque mêmes clichés racistes. S'ils avaient mis un Arabe à la place, il lui aurait fait goûter le couscous de sa mère et on aurait remplacé Earth Wind and Fire par Cheb Khaled, c'est tout. L'Arabe et le Noir sont parfaitement interchangeables dans les fables sur la tolérance et l'égalité.

Le pire, c'est que le film fonctionne bien. C'est drôle, c'est émouvant, c'est attachant... JUSTEMENT!!! C'est là que c'est plus vicieux et c'est là qu'il faut faire attention pour pas se faire avoir.

On a donc un blanc riche et cultivé dans une chaise roulante, et un noir athlétique de banlieue. La tête et le corps. Et quel corps! Oui, Omar Sy est très beau, très grand, très musclé. Le genre qu'on imaginerait bien dans un marché aux esclaves dans le bon temps où on pouvait se payer de la chair humaine. Il est aussi très souriant. Et IL DANSE BIEN! Un de ces jours je ferai une liste des innombrables films où on nous montre que les tiers-mondistes, peut être qu'ils vivent dans la merde, mais ils savent apprécier la vie! Ils savent faire la fête! Ils ont le rythme dans la peau! Wééé! ça les mènera loin tiens!

Peut être pas aussi loin que de servir de béquille vivante à un riche blanc cultivé. Là c'est carrément le jackpot. Parce que non seulement c'est l'homme à tout faire, mais il lui rend aussi la joie de vivre. Ben oui cette joie de vivre qui est l'ingrédient magique des sous-développés, qui les aide à surmonter les difficultés de la vie. Ils n'ont pas beaucoup évolué, alors ils sont encore proches de la nature (d'où leur talent pour la danse et les plaisirs simples de la vie), tandis que leurs supérieurs, à force de vivre dans un monde d'idées élevées et de musique classique, ils ont laissé leurs corps dépérir, les pauvres.

En échange, ben le petit banlieusard va pouvoir trouver un job grâce aux rudiments de culture évoluée qu'il a pu gratter au contact de l'être supérieur. C'est clair, danser au rythme des tamtams, c'est bien joli, mais ça ne vaut pas la capacité distinguer un Kandinsky d'un Mondrian.
RymMokhtari
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le 14 mars 2013

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Rym Mokhtari

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