Pourquoi Intouchables ?

Voilà, je l'ai enfin vu le dernier phénomène du cinéma français populaire. Comme c'est souvent le cas, je fuis comme la peste ce genre de succès au box-office. Mais une bonne raison me donnait quand même envie de voir ce film: le fait que l'on retrouve Olivier Nakache et Eric Toledano, les réalisateurs de Nos jours heureux, comédie vraiment sympathique.

Laissant passer la tempête médiatique, me voilà devant cette comédie. Premier constat, le bruit qu'on en a fait autour me semble justifié. Justifié parce que lorsqu'on voit ce qui sort comme comédie française chaque semaine, il n'est pas étonnant de voir enfin la qualité récompensée comparé à tout ce qui se fait avec des personnages comme Michael Youn, Dany Boon, Eric et Ramzy, et la liste pourrait continuer encore longtemps.

Maintenant, ce n'est pas non plus le chef-d'oeuvre annoncé. Certes, il y a une justesse dans le propos, évitant le pathos. La relation entre notre aristocrate et notre gaillard des cités est assez touchante. On sent que les deux personnages vont apprendre des choses de l'autre, humainement comme culturellement. Il y a réellement une envie des cinéastes de ne pas s'apitoyer sur le sort de Philippe. Certes, la vie est totalement modifiée pour lui, il a évidemment d'énormes coups de mous (des envies suicidaires), mais c'est aussi un battant et un homme qui ne recherche pas la pitié dans le regard des autres.

Du côté de l'humour, il faut reconnaitre aussi que les deux réalisateurs ont encore fait des miracles. En jouant sur l'opposition de style, on parvient très souvent à faire mouche. Quelques situations sont vraiment formidables et l'opéra vaut par exemple un sacré fou rire. Il existe évidemment d'autres gags qui vaillent la peine. En fait, oui le film regorge de qualités à ce niveau. Il ne manque jamais de rythme non plus. Rares sont les gags qui tombent à l'eau.

Quelques points me gênent quand même. Il y a certes une très belle scène où Driss retrouve sa mère adoptive et prend son sac, l'accomplissement d'un chemin de rédemption choisi par notre héros. Mais il y a aussi une façon de dire que Driss a été éduqué par Philippe. Une manière assez simpliste de voir les choses et aussi une impression que le banlieusard a plus à apprendre de la vie que l'aristocrate. Par ailleurs, même si on ne tombe pas forcément dans le cliché, on a quand même du mal à se débarrasser d'une image toute faite de la cité.

Il y a aussi cette utilisation vraiment abusive de la musique, surtout quand les personnages parlent. A cause de cela, on ne comprend pas toujours ce qu'ils disent. Faudrait vraiment qu'on m'explique pourquoi ils mettent cela à tout bout de champ. Et enfin, je disais que cela arrivait rarement, mais quelques gags sont quand même ratés. Surtout ceux où Driss drague lourdement l'assistante.

Par contre, il y a un point sur lequel on ne peut rien reprocher, c'est le casting. Déjà François Cluzet m'a épaté, tout en justesse dans son rôle et pourtant, c'est un acteur que je n'apprécie vraiment pas de trop à la base. Mais Omar Sy porte le film à lui tout seul, il est la réelle vedette de cette comédie, au-dessus du lot dans un paysage français généralement bien morose.