Blind fate
Adapté à de multiples reprises, le motif de l’homme invisible est un fantasme à double tranchant, sur lequel Verhoeven lui-même s’est cassé les dents : l’occasion d’un exercice de style presque...
le 22 sept. 2020
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Le jour de gloire est arrivé le lundi 22 juin 2020. Les cinémas ont enfin rouvert. Et pour ce jour de fête pour le cinéphile que je suis, il m'a semblé bien de reprendre là où le temps s'était arrêté en optant pour un film qui était sorti peu avant la fermeture des salles. Histoire de refermer la parenthèse. C'est donc tombé sur Invisible Man de Leigh Whannell.
Le mythe de l'homme invisible est assez ancien. L'Anneau de Gygès en est un exemple apporté par Platon, qui montre que la personne qui hérite de cette capacité, aura tendance à être tentée de faire le mal. Mythe confirmé dans Le Seigneur des anneaux de Tolkien et dans d’innombrables itérations cinématographiques sur le thème de l'homme sans ombre.
Là où le film qui nous intéresse se démarque, c'est qu'il prend le cadre d'une relation toxique. Avec un homme qui exerce un contrôle malsain sur sa compagne. Et l'histoire commence le soir où cette dernière s'échappe. Cecilia, joué par une excellente Elizabeth Moss, passe par tous les stades de la paranoïa. Même éloignée de son compagnon possessif, elle se sent en danger, à cause d'une menace symboliquement invisible.
Lorsqu'elle apprend le décès de ce dernier, la menace devient concrètement invisible. Et pourtant, cette présence invisible va se montrer de plus en plus pressante. Car être invisible, ce n'est pas être absent. Et c'est une chose que le metteur en scène a bien comprise.
Le cinéma est l'art de l'artefact et de l'illusion. Et lorsqu'on a un metteur en scène aussi fétichiste pour construire le cadre, l'image, les scènes, le danger invisible devient palpable. Ce feu qu'on oublie d'éteindre, ce bol qui traine par terre...
Chaque plan devient équivoque dans la mesure où l'on ne peut pas se fier à ce que l'on voit. La vision étant trompée par l'homme invisible, même lorsque sa présence physique ne fait aucun doute. Mais l'équivoque s'applique aussi aux personnages, et c'est là que réside le vrai plaisir. Qui est qui ? Qui veut quoi ? Qui fait quoi ? Jusqu'à la dernière seconde, le doute ne nous quitte jamais.
Invisible man est un thriller efficace, plein de rebondissements et de suspens. Et c'est définitivement au cinéma que ça se passe.
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Créée
le 2 juil. 2020
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