L’idée semble être née de la condamnation pour fraude fiscale de Silvio Berlusconi, qui a défrayé la chronique il y a quelques années. Comme sanction, l’ancien chef du gouvernement italien, millionnaire, avait dû effectuer des travaux d’intérêt général dans une maison de retraite de la banlieue lombarde. Le scénario, écrit par Luchetti, Sandro Petraglia et Giulia Calenda, se détache toutefois de ce personnage public pour en recomposer complètement un autre, incarné dans le film par Marco Giallini.
Numa Tempesta (dont le nom renvoie à un des sept rois de la Rome antique) est un homme d’affaire audacieux et charismatique à la tête d’un fonds d’investissement d’un milliard et demi d’euros. Il est propriétaire d’un gigantesque hôtel dont il est le seul locataire, où il passe des voitures jouets au baby-foot vintage et aux lits somptueux où trois escortes aussi sympathiques que cultivées, qu'il appelle "les radieuses", s'occupent de le divertir.
Alors qu’il vient tout juste de conclure une affaire de la plus haute importance au Kazakhstan, ses avocats l’informent que la sentence d’une vieille affaire d’évasion fiscale a été rendue et qu'il est condamné à un an de travaux au service de la collectivité. Quelques jours plus tard, l’homme arrive à bord d’une Maserati avec chauffeur, vêtu d’un costume de haute couture, dans le refuge pour sans-abris où il doit purger sa peine. Des différends ne tardent pas à naître entre lui et la dogmatique responsable du centre, interprétée par Eleonora Danco. En revanche, étonnamment, Numa se lie d'amitié avec certains des pensionnaires les plus marginaux ("Je suis né pauvre, je peux vous apprendre à devenir millionnaires", leur dit-il), notamment un jeune père (Elio Germano) et son fils. Entre-temps, l’homme d’affaires, abandonné par ses actionnaires, lutte pour trouver une solution à son propre naufrage financier.
Bien qu'on ait ici affaire à un film choral, Marco Giallini, particulièrement bon et très à l'aise dans son rôle, semble porter le film à lui tout seul, y compris pendant les passages les moins réussis. En résumé, Io sono Tempesta est une comédie tragicomique avec plusieurs angles de réflexion, parsemée de moments d’amusement insouciant et dépourvue de la critique acerbe à laquelle Luchetti nous avait habitués dans ses films précédents.