Art partial
Dans le genre des films d’arts martiaux, Ip Man occupe la place sérieuse. La figure du Kung Fu est ainsi présentée comme l’archétype du maitre à ce point concerné par sa discipline qu’il refuse d’en...
le 27 juin 2020
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Dans le genre des films d’arts martiaux, Ip Man occupe la place sérieuse. La figure du Kung Fu est ainsi présentée comme l’archétype du maitre à ce point concerné par sa discipline qu’il refuse d’en faire commerce, et va se voir contraint, à la faveur de circonstances qui raviront les spectateurs, de la pratiquer intensivement.
Sagesse sérénisé et surplomb caractérisent donc cette figure idéale, au sin d’une ville où les écoles d’arts martiaux se disputent le prestige des meilleurs instructeurs. La première partie, très convenue sur le plan de l’écriture, oppose ainsi le modeste génie aux poseurs alentours, remettant avec bienveillance à leur place ceux qui ne gardent encore de la pratique que la démonstration de force, et non la philosophie de Confucius censée l’irriguer.
La suite du récit révélera pourtant que tous les personnages en présence (chef de la police, frère désavoué, bandit venu semer la pagaille) auront un rôle à jouer dans le grand bouleversement opéré par l’occupation japonaise qui traumatise la Chine à partir de 1937.
Il ne s’agit évidemment pas d’être dupe : Ip Man, figure réelle du kung fu (et maitre, notamment, de Bruce Lee) sert ici avant tout la légende nationale chinoise, concentrant dans un hagiographie fictive toute la dignité, la bravoure et le sens inné de la résistance que le pays voudrait laisser de cette période d’humiliation. Si la gravité de la reconstitution historique est assez attendue, son interaction avec la solennité des combats fait sens : la lenteur de leur mise en place, la tension générée pour y parvenir construisent avec maîtrise la récompense des scènes de bravoure.
Car c’est bien là que tout se joue : dès les premiers affrontements, le talent de l’équipe saute aux yeux. La précision des chorégraphies, la gestion chirurgicale du son, élément essentiel au rendu des combats, l’harmonie des prises de vue concourent à offrir les plus belles performances. Le ralenti, toujours délicat à gérer pour trouver un point d’équilibre, souligne habilement la gestuelle, notamment dans cette façon par laquelle les tiges de bois lissent les étoffent de l’adversaire. La variété des décors (une école, un salon dans lequel on a interdiction d’abimer le mobilier, un tatami obscur symbolisant l’emprisonnement des occupés, une manufacture de coton, et la scène finale offerte à la foule des opprimés) est exploitée avec intelligence, sans fioritures, avec le souci constant de magnifier la figure centrale.
L’idée de voir se confronter le karaté de l’oppresseur au kung fu local est tout à fait intéressante, même si elle aurait gagné à être développée pour différencier davantage les deux disciplines, ici résumées à un manichéisme à la lisière du racisme revanchard (en gros, les japonais sont dénués de toute philosophie). C’est lorsque la gravité fait montre d’une sincère vénération pour ces maîtres de la chorégraphie qu’elle est véritablement au service du spectacle.
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le 27 juin 2020
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