The Bad Lebowski

Lassés d'essaimer leurs juteuses franchises aux quatre vents ( X-Men à Fox, Spider-Man chez Sony... ), les pontes de Marvel décident de prendre les choses en main et lancent la production du très attendu Iron Man. L'annonce donne vie à tous les fantasmes, des plus effrayants ( Tom Cruise voudrait le rôle ) aux plus jubilatoires ( Paramount ne veut pas de Tom Cruise... ) tant est si bien qu'à la première bande-annonce, parue en été 2007, le film est l'immanquable rendez-vous de 2008 !

Aux commandes, Jon Favreau. Jusqu'ici habitué à des rôles plus ou moins barrés dans de petites productions indépendantes, il s'est récemment essayé à la mise-en-scène... Mais rien dans Elfe ne vient indiquer qu'il est l'homme de la situation. Fort heureusement, la présence de Robert Downey jr, né pour le rôle, va rasséréner les fans qui n'en peuvent plus de baver d'impatience.

Et enfin, on peut le voir !

Impeccable réussite, tant formelle que narrative, Iron Man va donner le la de toutes les productions Marvel à venir... La photo du génial Matthew Libatique se renouvelle sans cesse et atteint la parfaite alchimie entre une image à la fois stylisée et limpide. Les effets spéciaux s'intègrent aux prises de vues réelles avec une précision sans faille, bien entendu, mais surtout l'histoire qui nous est racontée est menée tambour battant, ne laissant aucun temps mort. Pourtant il y a facilement quarante minutes d'exposition, et au moins une heure et quart avant que le Iron Man dans sa version rouge-et-or que l'on connait fasse son apparition...

Ce qui tient le film tout ce temps, c'est l'humour. De la première tentative de vol à 10% qui envoie Tony se manger un mur à la partie de Docteur Maboul, le film offre son lot de rires qui viennent alléger le récit de tout ce qui aurait pu être lourd ou ostentatoire. Et le véhicule de cet humour est évidemment Robert Downey jr.

Souvent les rôles archi-connus du public sont considérés comme astreignants... Laissé libre d'investir le personnage comme peu d'acteurs avant lui, le petit Robert tient le film sur ses épaules et apporte sa verve, sa bonhommie et une pointe d'odieux sarcasmes. Son Tony Stark n'est pas tout à fait détestable quand c'est un enculé, et pas tout à fait aimable quand il est gentil... Ce délicat équilibre nous le rend plus humain, car oui, ce héros est carrément faillible et de mauvaise foi.

A ses côtés, Gwyneth Paltrow trouve le rôle de sa carrière. Elle confère à Pepper Potts une beauté malicieuse et fragile, peut-être un peu trop sur la fin quand elle ne fait que courir et crier, mais qu'à cela ne tienne, on l'aime quand même.
Et face à lui, Jeff Bridges campe un magnat des armes obsessionnel, vindicatif, destructeur et chauve... Méconnaissable ! Il n'a pas souvent joué les vilains au cours de sa carrière, alors il s'en donne à cœur joie. Ça peut paraitre over-the-top, tous ces regards cupides et veules, mais à mon sens entre parfaitement dans le cadre du film.

Fidèle au sous-texte de la BD, Iron Man montre un représentant d'une Amérique conquérante faire face à ses erreurs, meurtri par elles jusque dans sa chair. Ça pourrait sombrer dans la démagogie la plus inepte, mais à travers cette vision de Tony Stark, l'Amérique ne perd rien de son caractère obsessionnel et de son légendaire sens des priorités ( "D'abord un Cheeseburger !" )

Au final, Jon Favreau crée une surprise qui hélas sera de courte durée car la qualité de ses films suivants va aller decrescendo... Mais ça c'est une autre histoire.